Affichage illégal à Montréal : 200 photos prises par un membre de la section Nicolas-Viel font réagir la Ministre St-Pierre

Montréal, le jeudi 11 novembre 2011 : Le mercredi 2 novembre dernier, un membre de la section Nicolas-Viel de la SSJB, Jean Archambault faisait la une du journal télévisé du 18 heures de TVA. En effet, ce citoyen d’Ahuntsic a pris plus de 200 photographies illustrant des infractions à la loi 101 commises par 76 entreprises dans le comté de l’Acadie représenté à l’Assemblée Nationale par la ministre responsable de la loi 101, Christine St-Pierre. Accompagné du journaliste de TVA, Olivier Bourque, ils ont arpenté les rues du comté d’Acadie et ont constaté que l’affichage chez plusieurs commerçants était illégal. Les photos prises par M. Archambault démontraient clairement que 76 entreprises de la circonscription de l’Acadie contrevenaient au règlement sur l’affichage public de la Charte de la langue française en arborant à l’intérieur comme à l’extérieur des affiches unilingues anglaises ou bilingues sans prépondérance du français. De plus, selon les recherches de M. Archambault, trois de ses entreprises avaient pourtant obtenu leur certificat de francisation de l’Office québécois de la langue française depuis la nomination de Madame St-Pierre.

  700 Lebeau

 Emergency ... 700 Lebeau

 

Selon le président du Mouvement Québec Français, Mario Beaulieu : « la ministre responsable de la Loi 101 doit faire respecter la loi dans sa propre circonscription. Elle doit démontrer sa volonté ferme de faire appliquer la loi et même en resserrer les règles d’application qui démontrent son laxisme actuel en matière de langue d’affichage et de langue de travail. »

La section Nicolas-Viel ne compte pas en rester là. En suivi au reportage de TVA, la section faisant partie de la Société St-Jean-Baptiste de Montréal prévoit déposer au total 135 plaintes d’entreprises fautives auprès de l’Office de la Langue Française. Nous envisageons également une demande d’enquête sur l’état du français et un travail de sensibilisation de l’Office auprès des propriétaires et locataires de deux édifices spécifiques situés sur la rue Chabanel.

 Pourquoi un projet sur l’affichage illégal dans l’Acadie ?

Le projet de recenser l’affichage illégal, par un montage de photos, dans le comté de l’Acadie n’est pas le fruit du hasard. L’Acadie est un comté marqué par une forte anglicisation. Il ne fait pas partie du « West Island » mais s’en approche dangereusement. Son député, la ministre St-Pierre, depuis son arrivée en politique, a défendu l’indéfendable Projet de loi 115 (écoles passerelles) et à nier l’évidence d’un déclin de la langue française à Montréal. L’Acadie s’anglicise parce que la langue de travail devient de plus en plus l’anglais. Plus nous avançons vers l’ouest, plus la langue anglaise prédomine. Il faut aller au-delà des portes des manufactures et des commerces pour connaître la vérité : des milliers de Québécois francophones, sur leurs lieux de travail, parlent anglais dans les parcs industriels de Chabanel et du boulevard Saint-Laurent et à l’ouest de l’Acadie jusqu’au boulevard Lebeau. L’affichage bilingue (pas de prédominance française) et unilingue anglais sont un des indicateurs de cet affaiblissement de la langue française. À côté de cet affichage de façade, il y a aussi et surtout ces affiches souvent manuscrites dans les milieux de travail qui en disent long sur l’urgence de la situation.

 Selon le militant de la SSJB, Jean Archambault, le temps joue contre la survie du fait français à Montréal. La mondialisation des échanges et l’ouverture à une immigration importante qui se fixe majoritairement dans la métropole posent problème. L’anglicisation de Montréal progresse à grands pas depuis 1990. L’utilitarisme ambiant et le pouvoir d’attraction de l’anglais synonyme de progrès et de modernité font des Québécois de souche, des individus trop permissifs sur la question de la protection de la langue.

 Pourtant, une langue, ça se perd. Parlez-en aux autochtones du Québec et du Canada, discutez-en avec les Irlandais qui ressuscitent à grande peine le gaélique, cette langue celte, presque disparue au X1Xième siècle. Le refus de voir ce danger et l’engouement individuel pour la langue anglaise sont de grands obstacles à la sauvegarde de notre langue. C’est aux Québécois francophones de mener ce combat et qu’ils ne s’attendent surtout pas à ce que d’autres le fassent à leur place.

 À partir des recensements de 1996 et 2006 de Statistique Canada, nous pouvons tirer certaines observations et conclusions concernant la population du comté de l’Acadie :

 En 2006, les allophones formaient la majorité de la population du comté de l’Acadie. Ils travaillaient surtout dans les centaines d’entreprises commerciales et industrielles dans lesquelles, l’anglais est la langue de travail. La Charte de la Langue française ne s’applique pas aux PME de moins de cinquante employés et par conséquent, elles ne sont pas sujettes aux obligations de francisation. Elles représentaient en 2009 plus de 95 % des entreprises. Elles sont donc laissées aux lois du marché et de la mondialisation.

De 1996 à 2006, le secteur francophone augmentait légèrement. L’arrivée massive de Magrébins et de Libanais francophones et francophiles dans le comté de l’Acadie expliquent la légère augmentation des francophones, car ils viennent combler la perte de francophones de souche. En effet, de 2002 à 2006, plus de 20 000 immigrants d’Algérie, et des milliers d’immigrants du Maroc et du Liban sont venus principalement à Montréal. En 2006, l’arrondissement Ahunsic-Cartierville était le premier lieu de résidence des Algériens, le deuxième pour les Libanais et le troisième pour les Marocains. Il est certain que les Magrébins et les Libanais qui ont des difficultés à se trouver du travail à cause de leur méconnaissance de l’anglais seront prêts à vivre en anglais car le principal but d’un immigrant consiste à améliorer d’abord le niveau économique de sa famille. S’il faut apprendre l’anglais, ils le feront et le parleront à la maison. Il revient aux Québécois de souche de se battre pour sa langue. Les immigrants francophones et francophiles seront sûrement derrière nous si nous démontrons de la fierté et sommes prêts à faire de la langue française, la langue de travail.

Par ailleurs, la situation des francophones de souche se détériore dans l’Acadie durant la période 1996-2006. Rien ne nous laisse croire que le recensement de 2011 va inverser cette tendance lourde. Au contraire, le gouvernement libéral n’a rien fait pour inverser ce mouvement. L’anglicisation des populations allophones par le travail et l’arrivée massive d’immigrants qui viennent dans une proportion d’au moins 85 % se fixer à Montréal, permettent au secteur anglophone de croître aux dépens du secteur francophone et cela, malgré que la minorité anglaise de souche ait diminué entre 1996 et 2006. Cette capacité d’une minorité d’attirer autant d’immigrants aux dépens de la majorité est un phénomène unique au monde.

À l’ouest du boulevard Saint-Laurent, l’anglicisation de Montréal avance inexorablement. Les francophones de souche sont devenus minoritaires dans la métropole. Si nous perdons le moteur économique du Québec, la survivance du français deviendra impossible. Aujourd’hui, les francophones du Québec sont agités par de profondes mutations (mondialisation des échanges, nouvelles technologies, etc.) qui mettent en péril leur langue. Si celle-ci est devenue la langue de la minorité de la plus importante ville du Québec, pourra-t-elle survivre très longtemps au Québec?

C’est aussi la passiveté des gouvernements devant les affiches unilingues anglaises pour cause de raison sociale canadienne et ou américaine qui incite même des entrepreneurs québécois à créer des compagnies dont la raison sociale est unilingue anglaise ou bilingue. « English is beautiful », serait devenue la devise de jeunes entrepreneurs qui veulent conquérir le monde. Or ce marché mondial si tentant soit-il nous oblige à être encore plus vigilant dans la promotion du français, langue de travail. La réussite dans les affaires peut se faire par une utilisation circonscrite et réfléchie de l’anglais avec certains partenaires dans le monde. Chez les Québécois, la volonté de vivre en français doit toujours demeurer présente et même renforcée. Situé à la jonction des deux mondes, anglophone et francophone, le Québec, s’il abandonne sa langue, mettrait de côté un atout important qui le distingue des autres. La modernité et la réussite ne se conjuguent pas seulement avec le mot « anglais ». Dans les secteurs des nouvelles technologies et de la mode, dans les « shops » de textile et dans les manufactures, c’est la langue utilisée le plus souvent qui devient et deviendra un jour la langue parlée à la maison. Faire du français la langue du travail, voilà l’objectif qu’il faut atteindre le plus vite possible.

 Pj  Photos prises par Jean Archambault