Bilinguisation du système de santé : La SSJB répond au candidat à la chefferie du PQ Jean-François Lisée

COMMUNIQUÉ | LA SOCIÉTÉ SAINT-JEAN-BAPTISTE DE MONTRÉAL | 12/11/2014

[Photo : inconnu] Centre hospitalier de Lachine
[Photo : inconnu] Centre hospitalier de Lachine

Le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, Maxime Laporte, qui comparaîtra jeudi en commission parlementaire avec en main une étude approfondie de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) sur la bilinguisation du système de santé québécois, a répondu aux propos de monsieur Jean-François Lisée publiés mercredi dans Le Devoir.

Le candidat à la chefferie du Parti québécois (PQ) a affirmé qu’« il ne faut pas tirer des roches aux anglais » et que les patients dans les hôpitaux « ont besoin d’un test sanguin, pas d’un test linguistique », invoquant le discours du Centaure de Lucien Bouchard en 1996. Il a de plus fait référence à René Lévesque et Camille Laurin en disant que ceux-ci ont voulu conférer à notre minorité des droits quant à l’accès aux services de santé en anglais.

 La santé du français

Monsieur Laporte a réagi ; « Je suis bien d’accord avec monsieur Lisée. Les patients, qu’ils soient anglophones, allophones ou francophones, ont besoin qu’on soigne leur santé. Or, cela ne veut pas dire pour autant qu’on affaiblisse la santé du français au Québec. Pour être soigné, pour qu’un anglophone au même titre qu’un sinophone ou un arabophone ne connaissant pas le français soit servi dans un établissement francophone, il n’est pas nécessaire de faire de l’ensemble de notre système de santé, un système bilingue anglais-français. D’autres solutions, encore plus inclusives, existent afin d’assurer autant l’efficacité du réseau de la santé que l’avenir du français, langue des services publics au Québec. La langue française est un de nos principaux vecteurs d’unité et de cohésion sociale et nationale. »

L’idée n’est certainement pas de tirer des « roches aux anglais »

« Nous avons commandé une étude objective et rigoureuse de 47 pages au sujet de la bilinguisation de nos institutions publiques de santé, sujet important puisque l’affaiblissement de la santé du français au Québec est dû en grande partie au laxisme des politiciens québécois quant au maintien de la langue française, langue commune du Québec et de nos services publics », a précisé monsieur Laporte.

« J’ose croire que monsieur Jean-François Lisée, qui a répondu dans le contexte d’un scrum, n’entendait pas réduire tout cet exercice à une volonté de « tirer des roches aux anglais », ce qui détournerait complètement le débat en n’apportant rien de constructif. J’ai hâte de l’entendre préciser sa pensée, car il est évident que notre discours ne consiste pas à blâmer les anglophones, mais à critiquer les législateurs ainsi que le pouvoir fédéral de dépenser et de s’ingérer dans les compétences des provinces, alimentant à coups de millions de dollars la concurrence canadienne au modèle d’intégration québécois. »

« D’ailleurs, nous sommes favorables au fait que la communauté anglophone aient des institutions bilingues reconnues, mais il faut s’assurer du même souffle que la société québécoise préserve le français comme langue institutionnelle et que soit garanti le droit des Québécois de travailler en français seulement dans toutes les institutions qui ne sont pas reconnues bilingues. Nous sommes même d’accord avec le Québec Community Groups Network pour que les établissements bilingues anglophones restent bilingues anglophones. Nous souhaitons par contre nous assurer que ces établissements servent réellement une majorité d’anglophones tel que prévu dans la loi, et qu’ils ne participent pas à l’anglicisation des allophones. D’où nos recommandations à l’effet de réviser les statuts bilingues de tous les établissements reconnus, et d’éviter que les fusions prévues par le projet de loi 10 ne donnent lieu à une anglicisation accrue dans les nouvelles structures.»

Lisée se trompe en invoquant Camille Laurin

Maxime Laporte a ajouté : « Rappelons que ce n’est pas sous Camille Laurin et René Lévesque, mais sous le gouvernement libéral de Robert Bourassa, celui que monsieur Lisée appelle « le naufrageur », qu’on a modifié la loi en 1986 pour garantir à toute « personne d’expression anglaise », l’accès à des services en anglais dans les institutions francophones. La notion de « personne d’expression anglaise », que nous dénonçons, assimile en pratique tout allophone non-francisé à un locuteur anglophone.»

« Dans le régime actuel, on va bien au-delà de la protection de la minorité anglophone, on institue par la porte d’en arrière un système de services bilingues qui fait de l’anglais la langue par défaut des allophones et, dans certains cas, du travail, ce qui contredit les principes mêmes de la Charte de la langue française qui veut que le français soit la langue commune. Or, dans un Québec français et non bilingue à la Trudeau, il n’y a aucune raison de conférer aux « personnes d’expression anglaise » un statut supérieur aux « personnes d’expression espagnole ou chinoise », par exemple, qui fréquentent nos institutions francophones. D’où notre proposition de systématiser l’interprétariat dans le réseau de la santé », a fait valoir monsieur Laporte, qui est le plus jeune président de toute l’histoire de la SSJB.

Éviter le « naufrage » du français

L’avocat de formation a par ailleurs insisté : « C’est d’abord et avant tout le système actuel d’accès aux services de langue anglaise dans les établissements francophones, et non la place de la minorité anglophone au Québec, que nous remettons en question. Nous dénonçons par ailleurs la manière dont le gouvernement fédéral utilise ce système pour financer la progression de la langue anglaise dans nos institutions et nous critiquons le projet de loi 10 qui semble vouloir aller encore plus loin dans cette logique, alors que rien n’est fait pour assurer la vigueur du français dans le système public. Je ne peux me résoudre à penser que le discours de monsieur Lisée puisse rejoindre les positions libérales de Robert Bourassa, lesquelles sont de nature, comme il le sait sans doute, à faire naufrager de plus en plus le français, qui est toujours aux dernières nouvelles la langue officielle et commune du Québec, enfin, en autant que nos représentants politiques ne fassent pas du modèle d’intégration québécois un calque de la loi fédérale sur les langues officielles. »

Fondée par les Patriotes, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal célèbre cette année ses 180 ans. Elle œuvre depuis ses débuts à la défense et à la promotion du français et des intérêts du peuple québécois.

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