Campagne de promotion des cours de francisation: Autant en emporte le vent

C O M M U N I Q U É

 

Montréal, 13 juillet 2016 – La Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, par la voix de son Président général Maxime Laporte, s’est dite profondément déçue de la campagne de promotion des cours de français auprès des nouveaux arrivants, lancée par le Gouvernement du Québec plus tôt cette semaine. «Du vent», selon monsieur Laporte, qui juge que «tel n’est assurément pas l’élément qu’il faut pour améliorer de façon concrète la situation de la langue française et des nouveaux arrivants au Québec. Surtout, dans une société où l’on fait partout, chaque jour, la promotion de l’anglais, la nouvelle «trouvaille» des Libéraux fait figure encore une fois de balloune percée. Comme toutes les autres, elle se dégonflera.»

Monsieur Laporte a fait valoir: «L’annonce de la Ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, madame Kathleen Weil, qui se donne pour objectif d’augmenter de 10% le nombre d’immigrants suivant des cours de francisation, sonnait un peu comme un aveu d’échec… À juste titre, rappelons qu’une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) parue l’hiver dernier et commanditée entre autres par la SSJB, a permis de mettre en lumière cet échec lamentable, en démontrant très rigoureusement que plus de 200 000 nouveaux arrivants ne parlent toujours pas français au Québec.»

«Outre d’enrichir quelque firme de marketing, ce n’est pas avec de telles demi-mesures que nous pérenniserons le français au Québec. Ce n’est pas avec des vœux pieux de la sorte que nous freinerons l’anglicisation de Montréal. Ce n’est pas non plus avec des publicités que nous aiderons concrètement nos frères et sœurs issus de l’immigration à obtenir un gagne-pain, une stabilité, une qualité de vie.»

«Quand notre propre gouvernement arrêtera-t-il enfin de niaiser avec le dossier linguistique? Quand adoptera-t-il des mesures structurantes, solides, sérieuses afin non seulement de promouvoir la langue française, mais de garantir son avenir? Sachant que tous les indicateurs de vitalité du français sont à la baisse. Sachant que ça recule sur tous les fronts: français, langue maternelle, français, langue d’usage à la maison, français, langue d’usage en public, français, langue de travail, français, langue de l’administration et des services… Tout recule. Le Québec recule!»

Couillard incapable de garantir que le français restera vigoureux au Québec

«Le réputé démographe Marc Termote projette que si rien n’est fait, la proportion de francophones au Québec aura chuté de 82% en 2006 à 73% en 2056, et sur l’Ile de Montréal, de 52,4% à 42,3%. Aujourd’hui, je demande au Premier ministre: peut-il nous garantir que cela n’arrivera pas? Si oui, qu’il nous dise sérieusement comment il compte s’y prendre. Si non, le peuple, au moins, aura l’heure juste et tirera ses conclusions.»

«Au-delà des beaux discours consensuels sur l’importance du français, le gouvernement libéral, à la lumière de sa nouvelle loi sur l’immigration, n’entend vraisemblablement se doter d’aucune cible ni d’aucun objectif clair et quantifiable, fondé sur des scénarios démographiques solides, pour assurer l’avenir de notre langue nationale et notamment l’augmentation, sinon le maintien du poids démographique des francophones dans les prochaines décennies.»

«Car, tel est le véritable objectif: maintenir le poids démographique du français au Québec à long terme! Il en va de notre cohésion sociale. Pour cela, il faudrait que le gouvernement lui-même fasse preuve d’exemplarité et qu’il respecte sa propre loi 101 en prodiguant ses services publics en français, lui qui pratique plutôt le bilinguisme institutionnel… Il faudrait modifier la grille de sélection afin que la composition des flux d’immigration reflète autant que possible le poids relatif du français par rapport à l’anglais (89%-11%). Il faudrait que dans cette grille de sélection, les points accordés à la connaissance de l’anglais ne soient alloués qu’aux candidats ayant atteint le niveau 9 de l’Échelle québécoise de compétence en français. Il faudrait que Québec renégocie avec Ottawa l’accord Canada-Québec pour que l’admission des résidents permanents repose non sur l’aptitude à parler le français ou l’anglais, mais uniquement sur l’aptitude à parler le français. Jusqu’à l’atteinte d’un ratio comparatif au poids démographique des francophones, il faudrait que seuls les étudiants étrangers ayant étudié dans un programme en français puissent bénéficier du Programme de l’expérience québécois qui facilite le processus d’immigration. Surtout, il faudrait établir le coût unitaire moyen pour franciser un immigrant et que selon le nombre d’immigrants à franciser par année, le gouvernement s’engage à prévoir les budgets en conséquence.»

«Et plutôt que de simples publicités pour inciter les immigrants à suivre leurs cours de français, il faudrait tout d’abord réinvestir massivement en francisation, notamment en entreprises, alors qu’on a multiplié les coupes ces dernières années… Il faudrait rendre obligatoire la présence aux cours de francisation, et bonifier les allocations octroyées aux étudiants, afin qu’ils s’y consacrent entièrement et puissent bénéficier de revenus décents. Il faudrait varier les horaires et mieux adapter l’ensemble du processus aux réalités vécues par les immigrants.»

«Il est temps que nos représentants politiques cessent de jouer aux hommes-sandwichs et qu’ils agissent!», a conclu le Président général.

Fondée en 1834, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal est le plus ancien organisme citoyen voué à la pérennisation et à l’épanouissement du peuple québécois et de la civilisation française d’Amérique.

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Pour information et demande d’entrevue (Maxime Laporte):
Claude Boisvert, responsable des communications
438-931-2615, cboisvert@ssjb.com