Campagne électorale à Montréal : le dossier du français éclipsé

C O M M U N I Q U É

 

Les défenseurs du français enjoignent les candidats
à prendre position de manière responsable

Montréal, 1 novembre 2017 – Alors que la campagne électorale à Montréal tire à sa fin, la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB), par la voix de son Président général Me Maxime Laporte, s’est dite « consternée par l’absence de propositions structurantes sur l’avenir du français dans la métropole ». En prenant connaissance des programmes des deux principaux candidats à la mairie, force est de constater que la défense de la langue commune et officielle à Montréal, le français, s’y révèle invisible ; pas une seule mention du caractère francophone de la ville !

Aux côtés du Mouvement Montréal français (MMF), représenté par sa porte-parole Sophie Stanké, présentement en Haïti, la SSJB demande aux candidats de se prononcer clairement, d’ici le vote de ce dimanche, sur le dossier linguistique afin que les électeurs et électrices soient bien fixés quant aux intentions de la future mairesse ou du futur maire.

Monsieur Laporte a fait valoir : « À différents niveaux, l’avenir du français à Montréal préoccupe l’ensemble de nos concitoyens. La fierté d’appartenir à la deuxième grande ville internationale de langue française, l’attachement à notre langue commune, l’inquiétude face à son déclin, sont des sentiments que partagent plusieurs centaines de milliers d’électeurs de toutes les origines. »

« Or, il appert que ni l’Équipe Coderre ni Projet Montréal n’ont voulu refléter cette préoccupation pourtant centrale de notre vie collective, préférant faire l’impasse sur cet enjeu certes délicat, mais incontournable. »

« À la lumière des données témoignant du recul indéniable du français sur l’ile de Montréal, cette indifférence, cette frilosité se révèle non seulement déplorable, elle est irresponsable. »

 

La langue d’intégration des allophones, c’est le français, pas le bilingue

« Tant que la langue française n’est pas, dans les faits, la seule langue véritablement « officielle » de nos institutions et de nos services publics à Montréal, sous réserves bien sûr des droits consacrés de la communauté historique d’expression anglaise, le message envoyé à nos compatriotes allophones, c’est que le français serait, au fond, purement facultatif. »

« Il faut que nos élites cessent d’amalgamer systématiquement, – autant dire « assimiler » nos frères et sœurs allophones à des anglophones. Au Québec, un allophone devrait être considéré comme un francophone en devenir. La langue d’intégration, la langue de convergence, la langue de cohésion sociale par laquelle on doit parvenir à se comprendre et à mieux se connaître, c’est le français et non le bilingue ! ».

« Puissent nos élus et nos dirigeants en prendre acte et se comporter de manière cohérente avec les normes et principes découlant de la loi 101, laquelle s’applique d’ailleurs pleinement à l’ensemble des municipalités du Québec, outre que l’article premier de la Charte de la ville de Montréal indique clairement qu’il s’agit d’une métropole de langue française. Malheureusement, la « métropole française des Amériques » prend trop souvent des allures de nécropole. Il faut impérativement renverser la tendance ! »

Projections

Plus tôt cette année, Statistique Canada nous apprenait que d’ici 2036, soit dans moins de 20 ans, les francophones ne seront plus que 41% sur l’ile de Montréal. Déjà en 2017, la proportion de Montréalais ayant le français comme principale langue parlée à la maison est en voie de passer sous la barre symbolique des 50%. Rien qu’entre 2001 et 2016, ce pourcentage a décliné de 56,4% à 53,1%.

Langue de travail

En ce qui concerne la langue de travail, entre 1997 et 2010 sur l’ile de Montréal, la proportion de travailleurs du secteur privé exerçant leur métier généralement ou uniquement en français a chuté de 62,5 % à 43,7 %, – une diminution de plus de 30% en moins de 13 ans !

Langue d’intégration

Et c’est sans compter que nous échouons globalement à assurer la francisation des nouveaux arrivants. Tel que récemment démontré par l’Institut de recherche en économie contemporaine, plus de 200 000 immigrants, surtout installés dans la région métropolitaine, sont incapables de soutenir une conversation en français. 80% d’entre eux optent plutôt pour l’anglais.

Langue d’usage en public chez les allophones

D’après des données recueillies en 2014 par le Conseil supérieur de la langue française, parmi nos concitoyens allophones, les « francotropes », c’est-à-dire ceux qui tendent à adopter plus facilement la langue française, ne sont eux-mêmes que 77% à l’utiliser en public. Au travail, l’usage du français recule à 70% dans ce groupe. Mais, ce n’est rien comparé aux allophones « non-francotropes », catégorie dont nous avons précisément la responsabilité de franciser. Seuls 40% d’entre eux parlent généralement le français en public et 44% ont adopté l’anglais. Au travail, ceux-ci ne sont que 34% à utiliser le français alors que 48% gagnent leur vie en anglais, soit près de la moitié.

Quelques prises de position passées des candidats

« Il ne faut pas oublier qu’en 2015, le maire Coderre lui-même demandait au gouvernement du Québec une dérogation à la loi 101 qui aurait eu pour conséquence d’extirper des réfugiés syriens du réseau scolaire public francophone, garnissant les rangs des institutions d’enseignement anglophones. »

« Plus tôt en 2013, monsieur Coderre avait affirmé qu’il n’avait aucun problème à donner des services en français et anglais là où le nombre le justifie. Il faut croire que le nombre le justifie partout, puisque lorsqu’on sollicite les services de la ville, par exemple en composant le 311, c’est le principe du « Press nine » qui s’applique systématiquement, en violation directe avec la politique linguistique de l’Administration. »

« Quant à Valérie Plante, elle n’est pas en reste. Celle-ci a récemment promis de « développer et soutenir des communications sur les services municipaux dans les langues des communautés culturelles […] et d’offrir l’accès à des consignes multilingues ». Cette approche s’avère en totale contradiction avec les principes d’inclusion et d’intégration linguistique découlant de la Charte de la langue française. Madame Plante expliquait : « It’s very important [that] citizens receive services in the language they are comfortable with [Il est très important que la langue des services reçus par les citoyens soit celle dans laquelle ils sont à l’aise] ».»

Pour un septuagintilinguisme institutionnel !

« Or, au moins 70 langues sont régulièrement parlées partout sur l’ile de Montréal. Suivant cette logique, le bilinguisme institutionnel anglais-français serait lui-même insuffisant ; dans le respect de tous et chacun, il faudrait plutôt songer à instaurer un septuagintilinguisme institutionnel, soit dit ironiquement !.. »

« C’est absurde ; il n’y a pas deux, ni 70 langues communes au Québec. Il n’y en qu’une : le français. Alors soyons cohérents. Soyons responsables. Soyons fiers », a conclu monsieur Laporte.

Fondée en 1834 dans la foulée du mouvement patriote, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal est le plus ancien organisme voué à faire du français la seule langue commune au Québec. Son premier Président général, Jacques Viger, fut aussi le premier maire de Montréal.

 

 

 

 

Source : Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et Mouvement Montréal français
Pour renseignement et demande d’entrevue (Maxime Laporte) :
Claude Boisvert, responsable des communications 438-931-2615, cboisvert@ssjb.com