Chronique d’un démarcheur

PASCAL THIBAULT | LE PATRIOTE | 24/09/2014

Ce texte est paru auparavant dans Le Patriote, journal de la SSJBM.

─ Cela demande aux démarcheurs un optimisme à toute épreuve et beaucoup de courage pour revenir jour après jour sur le terrain car, que ce soit au cours d’une opération de porte-à-porte ou de face-à-face dans les lieux publics, l’adversité est toujours au rendez-vous. Par-dessus les intempéries et la mauvaise humeur de certains passants, s’empile parfois l’indifférence des masses, absorbées dans le stress quotidien de la ville ou encore le discours haineux des démagogues de notre société que nous recrachent au visage les plus malheureux. Dites-vous qu’il ne se passe pas une minute sur le terrain sans que les démarcheurs ne se perçoivent comme des résistants. Car c’est ce qu’ils sont : des militants allant à contre-courant de ce « je-me-moi » ambiant, conscientisant les citoyens de la nécessité d’agir par rapport à une cause. Bravo à eux de rappeler à tous qu’il y a pire que l’ignorance : l’indifférence.

Or, lorsque pour l’amener à agir il faut en appeler d’abord à l’intellect et à la conscience du citoyen plus qu’à son empathie, comme c’est le cas au Mouvement Québec Français, le métier de démarcheur en devient encore plus difficile. Imaginez-vous expliquant à quelqu’un que le français est menacé au Québec, alors que les francophones y sont (encore) majoritaires. La tâche est plutôt ardue. La défense du statut d’une langue dans une société est de plus une cause éminemment politique. Elle demande donc pour l’entériner non seulement une attache émotive, comme bien des Québécois ont pour le français, mais aussi une certaine connaissance des paramètres socio-politiques et historiques ayant engendré la problématique qui la concerne; ce que ne possèdent malheureusement pas tous nos concitoyens. Et si en parler à des intéressés paraît déjà complexe, imaginezvous maintenant le faire avec des gens mal informés ou avec un anglophone du Québec se sentant opprimé dans une majorité francophone minoritaire dans un Canada et une Amérique du Nord majoritairement anglophone ! Cela me donne le tournis !

Vous vous demandez probablement ce qui nous garde malgré tout si actifs et confiants… C’est simple, ce sont nos membres et nos sympathisants, ainsi que tous ces Québécois conscientisés que nous recrutons tous les jours !

Le Mouvement Québec français n’existe pas que parce qu’il y a à sa base une équipe motivée. Il existe et perdure surtout parce qu’il y a des Québécois qui ont eu foi en d’autres et qui comprennent le contexte précaire et actuel dans lequel évolue notre langue commune. Assez pour soutenir moralement et financièrement leurs pairs qui en ont fait leur devoir de militer à temps plein pour sa préservation. Des Québécois venant de tous horizons et de toutes origines. Et tant qu’ils s’uniront, résolus de faire du français la seule langue officielle au Québec, tout en respectant les autres, le Mouvement continuera à conscientiser la population par ses campagnes et les démarcheurs d’approcher nos concitoyens pour qu’ils soutiennent la cause.

Merci mille fois à ceux et celles qui contribuent déjà, et aux autres qui ne tarderont pas à le faire. Car chaque citoyen faisant de même ajoute à la légitimité qu’a besoin la cause pour être reconnue auprès des gouvernements comme un enjeu, en plus d’accorder au Mouvement et aux démarcheurs la crédibilité nécessaire pour la défendre.