Comment les Québécois ont cru être contre le référendum

ROBERT BARBERIS-GERTVAIS | SOREL TRACY MAGAZINE | 5 JUIN 2014

REFERENDUM

STRATÉGIE | QUESTION NATIONALE | MÉDIAS QUÉBÉCOIS

On dira que je suis un mauvais perdant. C’est vrai, je déteste perdre que ce soit dans les sports ou en politique. Mais il n’est pas interdit d’essayer de comprendre ce qui s’est passé Après deux mois d’analyses diverses sur les causes de la défaite du 7 avril 2014, une idée se dégage qui est la suivante: la question nationale réduite à la possibilité ou non de tenir un référendum a joué un rôle capital.

Un indice se trouve dans la publicité payée par le Parti libéral du Québec et publiée dans les journaux samedi le 5 avril, deux jours avant les élections. Accompagné d’une photo de Philippe Couillard et de sa signature, le texte disait :

«Le 7 avril, LE CHOIX EST CLAIR. Le Parti québécois qui veut un référendum à tout prix, ou l’équipe du Parti libéral qui travaillera sans relâche pour relancer l’économie. Joignez-vous à moi pour qu’ensemble, on s’occupe des vraies affaires.»

Donc, pour le Parti libéral, le choix proposé aux Québécois était entre un référendum à tout prix (ce qui est une grossière exagération donc un mensonge) et la relance de l’économie. En regardant les résultats de l’élection, on est obligé d’admettre que la stratégie du référendum à tout prix a fonctionné parce qu’elle a éclipsé la valeur de l’équipe du Parti québécois et ses priorités qui étaient l’assainissement des finances publiques et l’emploi, l’intégrité, la Charte de la laïcité et le renforcement de la langue française surtout à Montréal.

Le sujet du présent article est d’essayer de comprendre pourquoi la stratégie du Parti québécois sur la question nationale a échoué et pourquoi la stratégie du Parti libéral a réussi.

Dès le début, Pauline Marois a annoncé un livre blanc qui ferait la description de la situation du Québec dans le Canada et envisagerait des solutions. Ce livre blanc devait permettre de reporter à plus tard les débats sur le statut politique du Québec dans le Canada. Les journalistes ont pris un malin plaisir à faire échouer cette stratégie en donnant l’occasion à Pauline Marois de dire qu’un Québec souverain garderait le dollar canadien et tenterait d’obtenir un siège à la Banque du Canada. De plus, il y aurait libre circulation des biens et des personnes entre le Canada et le Québec, un peu à l’image des pays européens. Pauline Marois est tombé dans le piège tendu par des journalistes de « La Presse » et du « Globe and Mail » dont la spécialité est de faire dérailler les stratégies péquistes d’une élection à l’autre.

On reconnaît les voix de Tommy Chouinard de « La Presse »et de Rhéal Séguin du « Globe and Mail » au téléjournal. La chef péquiste a donc été amenée à détailler son projet d’un Québec indépendant. C’était contraire à la stratégie, c’était une erreur et Pauline Marois elle-même l’a admis. Et elle a payé très cher cette erreur. Quand on n’est pas capable de contrôler des journalistes et de contrôler les réponses qu’on donne aux journalistes, on peut perdre les élections.

Quand Pierre-Karl Péladeau, le 9 mars, un beau dimanche matin à St-Jérôme, a posé sa candidature pour devenir député du Parti québécois et a affirmé avec force ses convictions indépendantistes, le poing en l’air, on l’a assez répété, les Québécois se sont dits : si Pierre-Karl Péladeau veut que le Québec devienne un pays, il voudra prendre le moyen d’y arriver c’est-à-dire un référendum. Cela venait clouer un dernier clou dans le cercueil de la stratégie amorcée avec le livre blanc.

On peut blâmer la garde rapprochée de Pauline Marois et Pauline Marois elle-même mais n’est-il pas temps de se demander pourquoi la stratégie de la peur du référendum du Parti libéral a si bien fonctionné. Une analyse sommaire du message politique véhiculé par les médias nous apporte la réponse. Et il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste de Noam Chomsky et de « manufactoring consent » pour comprendre.

 

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