Couillard, le français et Champlain : Indigne

ANTOINE ROBITAILLE | LE DEVOIR | 05/11/2014

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On savait Philippe Couillard peu sensible au fait français. À de multiples reprises, il l’a démontré. Avec son discours unilingue anglais en Islande, il a dépassé les bornes, projetant son inconscience sur la scène internationale. Le même jour, il a accueilli benoîtement le changement de nom du pont Champlain qu’impose Ottawa. Deux gestes indignes du premier ministre du Québec.

Plusieurs ont vu la scène dans les reportages : un participant français à la séance plénière de l’Arctic Circle, samedi en Islande, s’avance pour poser une question au premier ministre du Québec. Il hésite dans la langue de Molière, puis choisit l’anglais. Normal ; après le discours de Philippe Couillard, on aurait pu croire que c’était là la langue officielle du Québec. Les seuls mots français de cette allocution — on le constatera sur le site officiel du premier ministre où le discours est publié — sont « Plan Nord ». Quel avertissement trouvait-on, en haut du texte, encore lundi soir, sur le même site officiel ? « Traduction à venir » !

Cette manière très « Ottawa années 1960 » de dire « bah, le français peut attendre » a quelque chose de pitoyable. Tout comme la justification de M. Couillard à Reykjavik :« Si on est rendus au point où il faut dire aux gens que le Québec est francophone, on a un problème. Tout le monde sait que les Québécois parlent français. Ce qui est important pour nous, c’est que l’auditoire comprenne le message. » Cette logique informe démontre une incompréhension profonde de M. Couillard en ce qui a trait à la responsabilité dont il a été investi le 7 avril. Oui, à l’étranger, il faut dire au monde ce que le Québec est. Il faut le répéter. Constamment. C’est ce que tous les chefs nationaux, de gouvernements, d’État… ou même de bandes amérindiennes font : leurs discours sont conçus en tout ou en partie dans leur langue nationale. Puisque le Canada est bilingue, Stephen Harper les prononce dans les deux langues officielles du Dominion.

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M. Couillard n’en est pas à son premier faux pas en la matière. Au débat des chefs, en mars, il a affirmé — avant de s’excuser — que chaque employé d’usine devrait être bilingue au cas où un patron anglophone surgirait. Avant d’aller faire son discours de victoire, il ajoute pour la forme, à la dernière minute : « J’obtiens ce soir la responsabilité unique de défendre le seul peuple francophone en Amérique du Nord. »En Islande, il l’avait manifestement oublié.

Comme il a oublié l’importance des symboles fondateurs français pour le Québec. Il s’est en effet dit « pas contre l’idée » d’Ottawa de débaptiser le pont Champlain pour le nommer Maurice-Richard. Pire, au sujet d’un pont que les Québécois paieront, M. Couillard a déclaré : « On va laisser aller le gouvernement fédéral avec ça. » […]

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