Destins croisés

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TANIA LONGPRÉ
| LE JOURNAL DE MONTRÉAL | 30 JUIN 2014 |

 

La semaine dernière, sur les réseaux sociaux, un texte de Viviane Martinova-Croteau s’invitant dans la campagne référendaire écossaise a fait beaucoup de bruit. Ex-candidate d’Option nationale dans l’ouest de l’île de Montréal, la jeune femme est fascinée par le destin des petites nations qui désirent ajouter leur nom sur la mappemonde.

Intéressée à l’actuelle campagne référendaire écossaise, elle a été interpelée lorsqu’elle a lu la prise de position — pour le non — qu’a écrite JK Rowling, l’auteure d’Harry Potter, l’une de ses auteures préférées. Elle s’est dit qu’elle devait lui répondre. Elle s’est lancée et a rédigé A letter from Québec,qui a été publié sur cette plateforme  faisant partie des acteurs du oui,  mais n’étant pas associée à un parti politique. Elle a été « aimée » depuis  par des milliers de personnes.

Elle y écrit que « L’Écosse n’est pas le Québec, que le Royaume-Uni n’est pas le Canada et l’Europe n’est pas l’Amérique du Nord. Mais croyez-moi, s’il y a une chose que vous ne voulez pas avoir à dire à vos petits-enfants dans 34 ans c’est que vous pensiez les protéger lorsque vous avez choisi de les faire spectateurs plutôt qu’acteurs du monde de la prochaine ère. » Son objectif était de faire réfléchir les indécis au sujet de l’avenir de leur nation en utilisant l’exemple de la situation du Québec, 34 ans après le premier referendum, en y décrivant la situation post-référendaire depuis 1995.

L’Écosse est à la croisée des chemins, là où deux scénarios sont possibles, là où bien chanceux qui saurait prédire avec justesse les résultats. Viviane désirait dire aux Écossais que les promesses faites par le pays « mère », soit le Canada dans notre cas, l’Angleterre dans le leur, ne sont pas toujours tenues. Elle a raison de le faire, advenant que les Écossais se donnent un pays, et que nous voyions bien qu’ils survivent au monde contemporain, nous le pourrions aussi.

Pourtant, la situation actuelle au Québec n’a rien d’effervescent. Depuis les élections du 7 avril dernier, certains tentent de crucifier les indépendantistes. Nous n’avons qu’à constater le lynchage médiatique que subit Mario Beaulieu, nouveau chef du Bloc Québécois ou la joie de certains chroniqueurs annonçant pour la énième fois la mort de la question nationale. […] Les Québécois ne sont pas devenus soudainement monarchistes ou adorateurs du fédéralisme.

[…]  mais la naissance éventuelle de l’Écosse pourrait redonner espoir aux souverainistes désillusionnés qui hibernent actuellement. […] Disons qu’actuellement, nous sommes dans un drôle de moment. Nous sommes lasses de notre destin, nous ne semblons plus avoir de projets collectifs.

Certains sont prêts à effacer leurs particularités pour ressembler à tout le monde. Pourtant, nos racines existent et il n’est d’ailleurs pas interdit de récupérer dans notre passé ces caractéristiques culturelles que nous semblons avoir oubliées dans le temps. J’ai parfois honte de ce que nous devenons. J’ai le dédain de cette indifférence qui ne nous ressemble pas.

J’espère que les Écossais, eux, seront fiers jusqu’au bout.

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