Jean-François Lisée : Manque de crédibilité et positions nettement insuffisantes sur la langue

C O M M U N I Q U É

 

Montréal, 24 septembre 2016 – À la veille du deuxième débat officiel de la course à la chefferie du PQ, Jean-François Lisée a annoncé qu’il voulait «réformer» la Charte de la langue française. Voici la réaction de Maxime Laporte, Président général de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, le plus ancien organisme dédié à la pérennisation du fait français au Québec et en Amérique.

 

Pas un vrai renforcement

«Il ne s’agit pas vraiment d’un renforcement, mais plutôt d’un très timide élargissement, qui à lui seul se révèle loin d’être suffisant pour garantir un avenir digne de ce nom à notre langue commune…

En l’occurrence, monsieur Lisée souhaite élargir les dispositions de la Loi 101 concernant la langue de travail, aux entreprises de 25 à 50 employés… mais seulement de façon graduelle. D’autre part, il veut que la Loi 101 s’applique aux entreprises sous juridiction fédérale, une mesure que proposent déjà Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et même… François Legault, chef de la CAQ!

Le député de Rosemont, auteur du discours capitulant du Centaure prononcé par Lucien Bouchard en 1996, ne propose rien pour contrer le bilinguisme institutionnel des services gouvernementaux québécois. Au contraire, celui qui prônait en 2013 la bilinguisation de la STM, semble accepter que le gouvernement du Québec reconduise cette pratique anglicisante, et continue ainsi à offrir des services en anglais aux nouveaux arrivants et aux allophones. D’ailleurs, ce manque d’ambition pour l’avenir de la langue française lui avait mérité d’être qualifié à juste titre de «bon-ententiste» par Jacques Parizeau. Ce même Jacques Parizeau dont monsieur Lisée se réclame aujourd’hui pour appuyer son plan pourtant clairement anti-pariziste sur l’indépendance.

Par ailleurs, monsieur Lisée mentionne qu’il exigerait que les travailleurs qualifiés réussissent un examen de français «avant de prendre l’avion» pour le Québec, ce qui est certainement un pas dans la bonne direction. Mais, si le bilinguisme institutionnel perdure au Québec, si les petites entreprises continuent d’exiger la maîtrise de l’anglais à l’embauche, si les institutions francophones demeurent sous-financées, tous ces efforts resteront vains, ou du moins nettement insuffisants.

Il est essentiel de restaurer les dispositions initiales de la Loi 101 dans la législation, la justice et le marché du travail, de rétablir l’exemplarité linguistique de l’État et de l’Administration. Jusqu’à maintenant, seule la plateforme de Martine Ouellet paraît satisfaisante à cet égard.

 

Manque de crédibilité

J’aimerais ajouter que Monsieur Lisée refuse ou néglige presque systématiquement de travailler en concertation avec les groupes de défense du français. Par exemple, le commanditaire de la chanson «Notre Home» ne daigne même pas faire appel aux Partenaires pour un Québec français (PQF), une coalition syndicale mise sur pied par la SSJB qui représente environ 1,5 million de Québécois sur l’enjeu linguistique… Pire, il a souvent fait preuve d’une arrogance inacceptable à l’égard des défenseurs de la langue, comme en les traitant, en 2014, de «tireurs de roches aux Anglais» lorsqu’il a été question de contrer le phénomène, pourtant extrêmement bien documenté, de la bilinguisation des services de santé au Québec. Certes, nous sommes habitués aux insultes, mais de la part d’un ancien ministre sur un sujet aussi important, on s’attendrait à mieux.

 

Lisée d’accord avec la Cour suprême du Canada sur l’affichage

Rappelons qu’en ce qui concerne l’affichage commercial, le député de Rosemont intègre dans son discours les paramètres de nos plus cuisants revers en matière linguistique face aux tribunaux canadiens.

Monsieur Lisée souhaite même enchâsser dans une éventuelle constitution du Québec, le bilinguisme dans l’affichage, à la lumière du principe de la «nette prédominance du français», développé par la Cour suprême dans l’arrêt Ford. Souvenons-nous que le Québec tout entier s’était soulevé à la fin des années 80 afin de s’opposer à cette décision. Même Robert Bourassa, le Premier ministre libéral d’alors, avait mis en œuvre la Clause nonobstant afin d’en suspendre les effets. La vision de Lisée en matière linguistique se révèle plus faible encore que la position de celui qu’il a qualifié de «naufrageur».

 

En porte-à-faux avec les membres de son parti

De plus, il faut souligner qu’au congrès de 2011, les membres du Parti Québécois ont voté majoritairement pour un retour à l’unilinguisme français dans l’affichage commercial, tel que voulu par les pères de la Loi 101, y compris René Lévesque, pour qui l’affichage bilingue envoyait le message aux nouveaux arrivants que la langue française est facultative au Québec.

Enfin, Lisée se positionne également à l’encontre d’un des éléments forts du programme du Parti Québécois: l’application de la Loi 101 aux cégeps. Il rejette ainsi du revers de la main plus d’une décennie de débats et de réflexions à ce sujet. Or, la démonstration a pourtant été faite, notamment par l’Institut de recherche sur le français en Amérique, que les effets bénéfiques liés à cette mesure phare de la Loi 101 rendant obligatoire la fréquentation du primaire et du secondaire en français pour les nouveaux arrivants, se trouvent en bonne partie neutralisés du fait de la fréquentation accrue des cégeps anglais, laquelle influe sérieusement sur les comportements linguistiques des jeunes adultes, notamment dans le monde du travail et en matière de consommation culturelle.

Nos leaders politiques doivent faire preuve de vision, de courage et de responsabilité face à la nécessité absolue d’assurer la vitalité de la langue française au Québec, et pas juste en apparence. Après tout, c’est leur devoir le plus sacré.»

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Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Pour information et demande d’entrevue (Maxime Laporte):
Claude Boisvert, responsable des communications
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