La rupture des années 1960: question de solidarité ou d’identité?

PIERRE ALLARD | PIERREYALLARD.BLOGSPOT.CA | 25 MAI 2014

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QUÉBÉCOIS | IDENTITÉ | SOLIDARITÉ | FRANCOPHONE HORS-QUÉBEC

L’opinion généralement répandue, c’est qu’à partir des années 1960, et plus précisément après 1967, année des États généraux du Canada français, une rupture identitaire s’était opérée entre Québécois francophones et les minorités franco-canadiennes des autres provinces. Que les Québécois avaient en quelque sorte largué la composante « hors-Québec » de l’identité nationale « canadienne-française », pour se replier sur le territoire du Québec. […]

[…] le Canada reconnaît […] les « peuples autochtones » (article 35), et les « communautés linguistiques » française et anglaise du Nouveau-Brunswick (article 16.1), après avoir fait allusion aux minorités linguistiques francophones et anglophones dans toutes les provinces (article 23), la Charte fait totalement abstraction de la nation ou du peuple québécois, ou de son rôle et de son statut particuliers comme foyer d’un des deux peuples fondateurs du pays […]

[…] Les Québécois savent qu’ils constituent un peuple depuis la fin du Régime français. Et en dépit d’une greffe de nationalisme ethnoculturel pancanadien à partir des conflits scolaires acadien (1871) et manitobain (1890) et de la pendaison de Louis Riel (1885) dans le dernier tiers du 19e siècle, les Québécois francophones ont toujours conservé un sens territorial de la nationalité. S’il y avait eu une conscience élargie de cette nationalité, les Pères québécois de la Confédération auraient exercé davantage de pressions pour étendre les droits de la langue française au-delà des frontières québécoises. […]

Dès le départ, l’AANB, par l’article 133, consacrait le statut particulier du Québec qui, seul parmi les provinces, devait avoir des institutions bilingues. L’obligation de protéger la minorité anglophone du Canada-Est dans la nouvelle Constitution est en soi une reconnaissance constitutionnelle de l’existence d’une société nationale distincte et majoritaire dans le territoire qui devait devenir le Québec. La faible protection offerte par l’article 93 aux écoles confessionnelles (dont certaines étaient françaises en Ontario et dans les Maritimes) et le pouvoir fédéral de désaveu n’ont été d’aucun secours aux francophones de ces provinces. Les délégués québécois aux conférences d’avant 1867 semblent, de fait, s’être contentés d’espérer naïvement que le traitement accordé aux francophones ailleurs serait aussi généreux que celui consenti aux anglophones du Québec, […]

« les Pères de la Confédération, bien que préoccupés par le sort des communautés franco-catholiques ailleurs au Canada, n’en ont pas fait un élément structurant du projet confédéral puisque le concept sous-jacent au projet n’était pas l’établissement d’un pays bilingue, mais bien la création d’une province franco-catholique, moyennant certaines protections pour sa minorité anglo-protestante, au sein d’une union essentiellement anglo-protestante ». […]

On a peut-être mal interprété au niveau identitaire la solidarité naturelle entre le Québec et les minorités canadiennes-françaises. Jadis, les Québécois francophones se disaient Canadiens et voyaient les « autres » comme des Anglais. Ils avaient vécu au Canada, au Bas-Canada, au Canada-Est jusqu’en 1867. Sauf pour les années suivant l’Acte de Québec en 1774, le Québec comme symbole étatique est apparu avec la Confédération. Et les tentatives des élites des milieux canadiens-français hors-Québec et de politiciens québécois en vue, comme Henri Bourassa et d’autres, de redéfinir l’identité territoriale à l’ensemble du Canada auront en définitive échoué. […]

Ainsi, avec l’arrivée de la Révolution tranquille des années 1960 et la montée d’un nouveau nationalisme souverainiste, la rupture consommée avec fracas en 1967 aux États généraux du Canada français, entre les délégués hors Québec et ceux du Québec, aura été davantage une rupture de solidarité que d’identité. […]

Si l’on postule une continuité d’identité, ponctuée d’un changement d’appellation, chez les Québécois, il s’ensuit que la véritable crise identitaire s’est davantage produite au sein des minorités franco-canadiennes elles-mêmes, qui ont dû par la force des choses entreprendre une redéfinition en fonction d’une identité réduite (franco-ontarienne, p. ex.), […]

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