L’anglais en danger au Québec? Quelle farce!

Mathieu Bock-Coté | Journal de Montréal

 

Dès qu’il est question de piétiner le nationalisme québécois, le gouvernement Couillard ose tout.

Le ministre Jean-Marc Fournier s’est inquiété du sort de la minorité anglaise à l’extérieur de Montréal.

Cette semaine, c’est Jean-Marc Fournier qui s’est distingué en confessant publiquement sa grande inquiétude pour le sort de la minorité anglaise à l’extérieur de Montréal, qui subirait la pression assimilatrice de la majorité francophone.

On croit rêver. Ou comme qui dirait, «de kessé?»

Montréal s’anglicise, le marché du travail s’anglicise, la jeune génération s’anglicise, de trop nombreux immigrants s’anglicisent et pendant ce temps, le gouvernement sifflote.

Pas grave! Tout va bien au Québec.

 

Blague

On se demande si le gouvernement évolue dans un univers parallèle ou s’il se fout volontairement de notre gueule, pour fidéliser sa base électorale.

L’Amérique du Nord est anglophone, la mondialisation pousse à l’hégémonie anglophone et broie les identités nationales, la culture ambiante est anglophone, mais les anglophones québécois seraient en danger?

Le franglais fait sa loi, il est bien vu de snober le français, mais c’est l’anglais qui serait en danger en Mauricie, en Estrie ou près de Rimouski?

La loi 101 est pleine de trous, le gouvernement est mou, les francophones se fichent de tout, mais leur pression assimilatrice serait redoutable? C’est vraiment ainsi que le gouvernement veut aborder la question linguistique?

Gageons qu’il nous donnera bientôt une leçon de tolérance si on ne voit pas les choses comme lui.

Soyons sérieux: c’est l’avenir du français qui est en danger chez nous. C’est son sort qui devrait occuper nos pensées.

Et s’il y a une chose qui n’est pas en danger au Québec, c’est la langue anglaise.

Naturellement, les anglophones du Québec ont des droits historiques et ils doivent les conserver. Personne ne pense le contraire.

Mais parmi ces droits, on ne trouve pas celui de convertir notre société à un bilinguisme de fait, qui pavera le chemin à un bilinguisme officiel mortifère.

Doit-on, du point de vue du gouvernement, intensifier les services en anglais en région? Doit-on bilinguiser encore plus l’État québécois? Faut-il tout simplement renoncer au statut du français, seule langue officielle du Québec?

Qu’est-ce que le gouvernement Couillard a en tête?

Tout cela s’inscrit dans une entreprise plus vaste: le procès toujours plus intense du nationalisme québécois.

 

Diabolisation

Le gouvernement Couillard diabolise l’indépendance qu’il présente comme une folie ruineuse.

Il diabolise la laïcité en l’associant à la tyrannie d’une majorité plus ou moins démocratique.

Il diabolise la critique de l’immigration massive en l’identifiant à l’extrême-droite.

Il diabolise maintenant la majorité francophone en l’accusant d’assimiler les anglos. Comment ne pas voir là une entreprise de culpabilisation culturelle à grande échelle?

Elle a cela de particulier qu’elle est menée par le seul gouvernement assurant le destin d’un peuple francophone en Amérique du Nord.

Mais les hommes et les femmes qui s’y trouvent préfèrent s’aplatir servilement devant Ottawa et servir fanatiquement leur conception du fédéralisme.

Comme on dit, avec de tels amis, le Québec n’a pas besoin d’ennemis.

 

 

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