Le goût du pays!

Article de Mohamed Lotfi publié dans le Voir le 20 janvier 2012

« Je n’ai jamais voyagé vers autre pays que toi mon pays » Gaston Miron.

photo de VOir

Je vis au Québec depuis 30 ans. Je me sens parfaitement concerné par la question nationale. Devant la diversité culturelle qui caractérise de plus en plus le Québec, je me pose quelques questions que je vous soumet pour un débat:
– Comment renforcer le goût du pays en faisant abstraction de tous les mouvements de libération que les nouveaux québécois portent dans leurs mémoires ?
– Pourquoi les souverainistes québécois ne se nourrissent pas de toutes ces luttes dont les traces sont portées par des milliers de nouveaux québécois ?
– Puisque le Québec n’est pas aussi pauvre que le Maroc l’avait été avant son indépendance, le goût du pays serait-il particulièrement favorisé par des conditions de pauvreté et de sous-développement ?
– Pour avoir réellement le goût du pays, faut-il attendre de ne rien perdre ? – La possibilité d’obtenir un pays par un simple referendum et avec une majorité de voix (51%) est-il suffisant pour donner envie et goût d’un pays..?
– Les nouveaux québécois, devraient-ils attendre une invitation officielle pour se sentir concernés par la question nationale du Québec ?
– Lorsqu’on vient d’un pays dont l’histoire est marquée par une lutte contre la colonisation, comment rester insensible aux aspirations d’indépendance et de liberté d’autres peuples ?
Par ailleurs:
– Dans un contexte ou la division des forces souverainistes inspire amertume et cynisme comment transmettre le goût du pays à des gens qui ont connu une autre façon de le faire ?
– Quand ce sont des souverainistes qui font le plus mal à la souveraineté, comment leur demander d’y croire..?
– Quand la souveraineté devient une marque de commerce pour atteindre le pouvoir, comment leur demander de la prendre au sérieux ?
– La crispation identitaire dans laquelle s’enferment certains souverainistes ne serait pas la meilleure façon de tuer le goût du pays ?
– Finalement, pour qui fait-on un pays ?
– Pour NOUS et contre les AUTRES ?
– Pour NOUS et avec les AUTRES ?
– Pour NOUS et avec NOUS, si on considère que les AUTRES ce n’est rien d’autre que NOUS ?
Peut-être que les bonnes réponses à toutes ces questions viendront un jour d’un petit-fils ou d’une petite-fille d’un nouveau québécois qui vient tout juste de débarquer à l’aéroport Pierre-Éliot Trudeau..!!
On ne sait jamais!

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