Le Mouvement Montréal français remet ses prix

Article de Serge Forgues paru dans le 24 H du mercredi 3 février 2010.

« Il y a eu à plusieurs reprises des exemples flagrants de censures de l’information », a renchéri le président de la Société St-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu.

Pour la première remise officielle de ses prix Harfang et Autruche, le Mouvement Montréal français MMF) a salué mardi le travail de l’animatrice radio Monique Giroux et vilipendé celui de la présidente de l’Office québécois de la langue française, France Boucher.

L’Autruche se veut un prix citron « décerné à une personne ou une organisation s’étant distinguée par son aveuglement volontaire quant à la situation de français » explique Luc Thériault, président du MMF.

Mme Boucher hérite de ce titre pour avoir « camouflé une étude de Marc Termote, qui indiquait que les francophones de langue d’usage seraient minoritaires à Montréal en 2021 ou avant » ainsi que pour « son refus obstiné de fournir une analyse qualitative quant à la dégradation du français », a souligné M. Thériault. Ce dernier est d’avis qu’elle ne remplit pas l’une de ses tâches, soit de commenter le déclin du français dans la métropole.

« Il y a eu à plusieurs reprises des exemples flagrants de censures de l’information », a renchéri le président de la Société St-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu. Ce dernier en a également contre « le serment de confidentialité » qui a été exigé par Mme Boucher à son Conseil d’administration et au Comité de suivi de l’OQLF, et à sa déclaration devant les parlementaires à l’effet qu’elle « allait nettoyer la soue ».

Ont également été considéré pour recevoir ce prix, le premier ministre Jean Charest, Gilbert Rozon, de même que le quotidien La Presse.

Vivre sa langue

De l’autre côté du spectre, on retrouve l’animatrice à la radio de Radio-Canada, Monique Giroux. Qualifié de « figure de proue de la culture québécoise et francophone », M. Thériault affirme « qu’elle a accompli ce tour de force de faire découvrir et aimer les monstres sacrés de la chanson française à une génération qui s’apprêtait à ne chanter qu’en anglais ».

Se disant surprise et honorée de recevoir le premier Harfang, devant des candidats de choix tels que Réjean Tremblay, Luc Plamondon, et Charles Castonguay, Mme Giroux, qui s’est dite sans mots, a pourtant témoigner fortement de son attachement envers le français.

« Je suis inquiète de la situation du français à Montréal. J’ai l’impression de me retrouver au début des années 70. Petite, je venais avec ma mère à Montréal et je me souviens qu’elle avait besoin de parler anglais sinon nous aurions été mal reçus chez Eaton ou Simpsons. On allait chez Dupuis qui était un magasin pour les francophones. » Une situation qui détonne avec l’époque allant de 1976 à 1995 « où on était fier de notre langue, on l’aimait ». Rappelant que « le français est une langue parmi d’autres, mais c’est la notre », la lauréate affirme que prendre soin de sa langue, c’est « prendre soin de sa pensée, de ses idées, de ses valeurs, de ses convictions et de savoir les défendre et que savoir bien les exprimer, c’est vivre. »

Elle ajoute que sa « langue a un prix, c’est celui du respect. C’est en la parlant avec le sourire et en la bichonnant, en lui faisant une beauté quotidienne que j’arriverai, je l’espère, à convaincre mes voisins de l’adopter. »

En plus de poursuivre son bon travail à la radio qui contribue à mieux faire connaitre les artistes francophones, Mme Giroux a confié à 24H que son engagement déborde largement ses fonctions.

En plus de lutter afin que le gala des Victoires de la musique française, qui aura lieu le 6 mars, soit diffusé à la télé québécoise en raison des nominations d’Ariane Moffat et de Cœur de pirate, l’animatrice caresse un projet qui favoriserait, selon elle, l’intégration des immigrants en les sensibilisant à la culture francophone.

« Pourquoi il n’y a pas de spectacle de bienvenue pour les nouveaux arrivants ? Un grand party gratuit, disons à la Place des Arts, avec des représentations de tous les styles et de toutes les disciplines, où des gens viennent par la suite traduire dans chacune des langues ce que l’on vient de vivre ? »

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