Le Québec indépendant un jour ?

Lettre d’opinion de Claudette Carbonneau et de Louis Bernard, publié dans La Presse, le 25 avril 2012

Claudette Carbonneau
Ex-présidente de la CSN

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INÉLUCTABLE

« L’indépendance du Québec est inéluctable. Jamais le coeur et la raison n’ont autant pointé dans la même direction. Des changements majeurs sont intervenus depuis les derniers référendums. Fini les conflits de loyauté, la population et les jeunes en particulier se définissent de plus en plus comme Québécois d’abord! Nous sommes beaucoup moins dépendant de l’économie canadienne au point où des fédéralistes comme Jean Charest doivent maintenant reconnaître que l’indépendance est réalisable. Notre jeunesse qui cherche à s’imposer avec vigueur dans le débat politique ne se contentera pas longtemps d’un État tronqué. Elle voudra sur des sujets qui lui sont chers, comme la mondialisation et l’environnement faire entendre la voix du Québec. Parce qu’elles heurtent nos valeurs, les politiques du gouvernement Harper ne font qu’attiser le goût d’assumer nous même notre destin. Ce ne sont pas les nouveaux pouvoirs évoqués par M. Ignatieff mais plutôt l’immobilisme canadien en matière constitutionnelle qui ne cesse d’élargir le fossé entre les deux solitudes. Quand le coeur et la raison sont réconciliés, quand on comprend que l’indépendance est non seulement réalisable mais préférable, l’urgence de choisir va s’imposer tout comme la maturité amène le goût de conduire sa barque en toute sérénité. »

Louis Bernard
Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec

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EH BIEN, OUI!

« Est-ce que les Québécois seront les derniers à accepter qu’ils ont tout ce qu’il faut pour se faire un pays bien à eux? Pour les observateurs de l’extérieur, c’est une évidence qui crève les yeux. Rappelons-nous que ce sont des journalistes français qui, lors d’un interview de Jean Charest à la télévision française, ont forcé le premier ministre du Québec à admettre que oui, évidemment, le Québec avait la capacité réelle de devenir un pays souverain. Que c’est Peter White et maintenant Michael Ignatieff qui, après de nombreux observateurs de langue anglaise, viennent d’affirmer que le Québec et le Canada sont devenus deux pays distincts qui ont de moins en moins de rapports significatifs entre eux. Cette séparation sociologique, qui est déjà évidente et qui va en augmentant, ne peut faire autrement que de se transformer, à plus ou moins long terme, en une séparation politique. En effet, c’est une règle bien établie en sciences politiques que le droit suit toujours la sociologie: lorsque la réalité a changé, il vaut toujours mieux y adapter les structures politiques. Les Québécois sont des gens prudents et ils ont raison de l’être, car l’histoire les a soumis à de multiples épreuves qu’ils ont su surmonter avec courage et persistance. Il leur reste maintenant à accroître leur confiance en soi, de façon à pouvoir récolter les fruits de ces années de patience et de détermination. »

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