L’heure est au regroupement

LE PATRIOTE | par André Parizeau

 

Dans quelques semaines, soit à partir de fin janvier, débutera une importante consultation auprès des membres du Parti québécois pour déterminer les contours du futur et nouvel article No 1 de ce parti, ainsi que les priorités à retenir en vue des élections de 2018 et de leurs suites. Le tout débouchera sur une série de congrès locaux, puis régionaux, qui s’échelonneront tout au long de l’hiver et du printemps, et qui se concluront par un congrès national à l’automne.

Une consultation de cette ampleur, sur des enjeux aussi cruciaux, ne s’était pas vue depuis des années. Cela fait des années aussi qu’il n’y a pas eu de congrès au PQ, même si beaucoup d’encre a pu couler depuis la tenue du précédent. Certains, plutôt désabusés, objecteront à cela : des consultations, il y en a tant eues dans le passé, sans que cela ne change grand-chose.

D’autres diront : oui, mais je ne suis plus membre du PQ, donc cela ne me concerne plus.

Je ne suis pas d’accord, ni avec l’une ni avec l’autre de ces affirmations. Je ne suis moi-même membre du PQ que depuis peu de temps. Cela remonte à l’an dernier. Avant, j’étais avec Québec solidaire. J’ai par contre pu participer à deux Conseils nationaux qui m’avaient à chaque fois impressionné. Je ne prétendrai pas pour autant en savoir plus sur le PQ que d’autres. Néanmoins, et peut-être aussi parce que je suis relativement nouveau au PQ, j’aimerais vous faire part ici de quelques réflexions. Premièrement – et quoique ses détracteurs pourraient dire – le PQ était et demeure encore le plus grand et important véhicule politique pour relancer le combat pour l’indépendance. Aucune autre formation ne peut espérer, dans l’état actuel des choses, lui arriver à la cheville.

C’est indéniable.

De ce point de vue, ce qui se passera au PQ, au cours des prochains mois, devrait intéresser tous les souverainistes, quels qu’ils soient. De gauche, comme ceux qui sont plus de droite. Qu’ils soient membres ou pas du PQ. Cela inclut forcément les membres de la SSJB, d’autant qu’un bon nombre d’entre eux portent plus d’un chapeau.

Deuxièmement, des suites de tous les ressacs, crises et confusions qui se sont succédés au fil des dernières années au sein du mouvement souverainiste, bon nombre de militants sont partis, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Chacun a développé sa propre idée par rapport à ce qui n’allait plus. On a vu toutes sortes de gens y aller de toutes sortes d’opinions sur les causes de ces reculs. Mais vient aussi le moment de se dire : Bon, maintenant, on fait quoi ? Le temps est venu, je crois, de se tourner vers l’avenir et, surtout, de se regrouper à nouveau.

D’ici la tenue du prochain Conseil national du PQ, prévu pour la mi-janvier, à Québec, nous devrions avoir une meilleure idée de ce que la Commission politique soumettra aux membres comme proposition principale afin de remplacer l’actuel article No 1 du programme. Ce sera un aspect clef de ces futures consultations. Des propositions en matière de priorités devraient être également soumises.

Est-ce que la proposition principale pour remplacer l’article No 1 sera assez claire et suffisamment mobilisatrice pour unir largement les membres, ainsi que, par ricochet, tout le reste du mouvement souverainiste ? On le saura bien assez tôt. Inclura-t-elle une feuille de route ? Quelles seront les priorités ? Comment tout cela pourra s’arimer avec les discussions en vue d’une plus grande convergence au sein du mouvement souverainiste ? On ne le sait pas encore, mais cela ne devrait pas tarder.

Si cela n’est pas à la hauteur des attentes, alors il faudra songer à bonifier le tout. Il ne serait pas souhaitable que les gens continuent à partir dans toutes les directions. Cela prendra nécessairement une plus grande concertation entre un maximum d’acteurs pouvant jouer un rôle important dans les débats. Je me réfère d’abord à la SSJB, mais aussi à d’autres organismes, comme le SPQ Libre, la revue Action nationale, le site de Vigile, le Rassemblement pour un  pays souverain et le Bloc québécois. D’autres encore pourraient être ajoutés à cette liste.

Cela adonne bien, puisque le Bloc tiendra lui-même, dès le début de février, un important Conseil général et devrait également tenir, plus tard en 2017, son propre congrès. La SSJB tiendra de son côté, comme à l’habitude, sa grande assemblée annuelle en mars. Je crois, à ce titre, et pour toutes les raisons évoquées plus haut, que notre prochaine assemblée devrait revêtir un aspect plus « politique » qu’à l’accoutumée.

Le SPQ Libre, de son côté, n’a pas tenu de réunion pour ses membres depuis un certain temps. Cela remonte avant l’arrivée de Pierre-Karl Péladeau. Selon moi, ce serait plus que jamais le temps de les convoquer à nouveau. Je crois que le SPQ Libre a démontré suffisamment de crédibilité et d’influence par le passé pour jouer un rôle moteur afin de favoriser assez rapidement un maximum de convergence dans les débats à venir.

L’heure n’est plus à la dispersion, non plus qu’au cynisme ou à une quelconque forme d’attentisme qui s’appuierait sur l’idée d’attendre que les choses s’améliorent d’elles-mêmes comme par magie. Tous et chacun pouvons jouer un rôle déterminant pour la suite des événements.

J’aimerais faire un dernier commentaire. Selon la feuille de route que présentait, lors de la dernière course à la chefferie, Martine Ouellet, il y avait la tenue d’un référendum à la fin du premier mandat découlant d’une victoire en 2018. Selon ce que dit maintenant Jean-François Lisée, ce référendum aura lieu au début du mandat suivant, et pas avant. Dépendamment de ce qui se produira, entre maintenant et la fin du prochain premier mandat, l’écart pourrait ne pas être si grand que cela. Tout dépendra essentiellement de ce que les grandes consultations, ainsi que le prochain congrès du PQ, amèneront, ce qui nous ramène finalement, une fois encore, à ce que tous et chacun sauront faire au cours de la prochaine période. Bref, je nous souhaite à tous et toutes, pour 2017, une année décisive qui nous aidera enfin à sortir du marasme des années précédentes.