L’Hôtel-Dieu dans la campagne électorale

Par Christian Gagnon dans Le Devoir du 7 mars 2014

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Alors que commence une campagne électorale dont la santé et les questions identitaires seront des enjeux importants, il est pour le moins consternant de constater, comme nous l’énonçait Le Devoir du 5 mars, que le gouvernement du Québec est sur le point de vendre l’Hôtel-Dieu de Montréal. A-t-on bien réalisé au tréfonds de ces obscures officines étatiques que ce ne sont pas que les bâtiments de l’Hôtel-Dieu qui sont patrimoniaux, mais d’abord et avant tout l’institution elle-même ? Qui donc expliquera à nos bureaucrates qu’il serait tout à fait lamentable qu’en 2017, les Montréalais célèbrent les 375 ans de leur ville en se faisant les spectateurs impuissants de cet inconscient trait de crayon comptable signant l’arrêt de mort de l’oeuvre de Jeanne-Mance ? Non, le surspécialisé CHUM n’assurera pas tous les soins de première et deuxième ligne requis au centre-ville. Son ouverture progressive prévue de 2016 à 2020 — si tout va bien — laissera un déficit de plus de 180 lits de courte et longue durée, comme l’indiquait le Dr Michel Bergeron en ces pages (Le Devoir, 23 novembre 2013).

Avant que ne soient engagées les hostilités électorales, le groupe d’experts mandaté par Québec pour décider du sort de cette institution fondatrice de Montréal devait remettre son rapport le 15 mars prochain. Nul doute que son dépôt sera retardé. Les électeurs ont donc l’occasion de sensibiliser nos prochains décideurs sur le sort du premier hôpital de Nouvelle-France. Et alors que l’hôpital anglophone Royal Victoria, lui aussi classé « excédentaire », fait actuellement l’objet d’un Énoncé de l’intérêt patrimonial par la Ville de Montréal et de multiples autres études, rien de tel n’est en cours pour l’Hôtel-Dieu, pourtant fondé deux siècles et demi plus tôt.

  Voilà une disparité de traitement qui laisse songeur. […]

« En toute cohérence, le gouvernement du Québec ne peut pas à la fois vouloir redonner à l’enseignement de notre histoire nationale l’importance qui lui est due et rayer de la carte de Montréal un repère identitaire aussi fondamental. À plus forte raison après y avoir récemment investi des dizaines de millions en rénovations et équipements de pointe, il n’y a qu’une seule vocation envisageable pour l’Hôtel-Dieu de Montréal : celle d’un hôpital. »

 

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