Libre opinion – Le PQ n’est pas au pouvoir

Texte de Christian Gagnon dans Le Devoir du 21 février 2013
Il a suffi que 150 « angryphones » manifestent au centre-ville de Montréal pour obtenir une attention des médias que bien des groupes doivent aujourd’hui leur envier. Tous les journaux et tous les bulletins de nouvelles électroniques en auront fait largement état, Le Devoir, The Gazette et le journal Métro leur accordant même leur page frontispice de lundi dernier. Tous ces médias ont parlé d’une manifestation organisée par le Unity Group et le site www.putbacktheflag.com. Il s’avère cependant que ces groupuscules sont tous deux présidés par le même Jimmy Kalafatidis, ex-président du Parti égalité à partir de 1999 et qui fut le candidat de cette formation très anti-loi 101 dans Robert-Baldwin à l’élection de 2003.

Invité à plusieurs reprises à promouvoir sa manifestation sur les ondes du Barry Morgan Show, que la station CJAD définit elle-même fièrement comme une émission de « provocative radio », Jimmy Kalafatidis a clairement affirmé qu’il fallait s’opposer au projet de loi 14, mais qu’en fait, c’est toute la loi 101 qui devait être abolie. Au lendemain de cette manifestation, la ministre De Courcy s’est émue d’avoir entendu l’orateur Beryl Wajsman, rédacteur en chef du journal partitionniste The Suburban, qualifier à tue-tête l’actuel gouvernement péquiste de « ségrégationniste ». Si elle avait lu l’éditorial du 13 février dernier de ce journal, elle saurait qu’il en est ainsi parce « le PQ a bien appris les leçons de Staline ».

Le Parti libéral, dont la clientèle anglophone est la plus fidèle, a déjà promis de s’opposer en bloc au projet de loi 14. Sylvia Martin-Laforge, directrice générale du Quebec Community Groups Network, qui succéda au lobby anglophone Alliance Québec, répète à qui veut l’entendre avoir la certitude que la Coalition avenir Québec en fera autant. Rappelons qu’en campagne électorale, la CAQ de François Legault avait tellement bien courtisé la communauté anglophone qu’elle avait reçu l’appui de Robert Libman, fondateur du Parti égalité, et de William Johnson, ex-président d’Alliance Québec.