L’indépendance financière

Chroniques Christian Dufour publié dans le Journal de Montréal le 11 décembre 2011

J’ai lu, cette semaine, des textes sur le Québec par trois personnalités fort différentes : le chanteur Paul Piché, le financier Conrad Black et le député indépendantiste Jean-Martin Aussant.

La lettre de Piché publiée il y a deux semaines dans le Journal («Le cri du cœur d’un souverainiste inquiet») ne manque pas de lucidité quant à l’enfermement du Québec dans un Canada où il exerce de moins en moins d’influence. Piché erre cependant quand il prétend que «tout ce que les Québécois ont gagné au Canada, ils l’ont eu sous la menace souverainiste».

On peut prétendre, au contraire, que les souverainistes se sont révélés experts dans l’art de nous couler au sein du Canada. De grandes avancées comme la Caisse de dépôt remontent au gouvernement Lesage, qui n’était pas indépendantiste. Le mouvement souverainiste a braqué le reste du pays contre nous, sans réussir à faire vraiment partager son rêve par la majorité des Québécois.

Conrad Black

Encore en prison pour fraude, Conrad Black a déjà écrit une biographie-référence de Maurice Duplessis. Dans The National Post («How the Rest of Canada Bought Off Quebec»), il exprime sans vergogne, mais non sans intelligence sa mentalité de colonial à l’égard d’un Québec pour lequel sa sympathie semble nulle.

Le Québec s’est donné, selon lui, les confortables apparences de la souveraineté, alors que le Canada l’a asservi au plan financier. En d’autres mots, en retour de l’exploitation identitaire d’un peuple constituant le Canada de base au plan historique – feuille d’érable, castor, Ô Canada, etc. – le pays nous a achetés.

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