Louis-Tancrède Bouthillier – Un shérif comme président

par Jean-Pierre Durand

Louis-Tancrède Bouthillier
Louis-Tancrède Bouthillier

Louis-Tancrède (avec un prénom comme celui-là, on s’entend qu’il n’était pas l’un des proches prédécesseurs de Mario Beaulieu !) est né le 1er mars 1796. À presque trente ans, Louis-Tancrède demeurait encore chez ses parents. Une sorte de « Tanguy » avant la lettre qui aurait pu inspirer le film français sorti en 2001. Fils de Jean Bouthillier, négociant immigré de La Rochelle dans les années 1780, et de Louise Perthuis, il aspire à marcher sur les traces du paternel en oeuvrant avec celui-ci dans le commerce de la potasse et de la « perlasse », commerce qui, dans les années 1820 et 1830, était l’un des plus florissants au Canada et qui était aussi très lucratif. Il occupera en outre plusieurs postes administratifs tant au gouvernement fédéral qu’à la ville de Montréal.

Les années trente, pourtant tourmentées (c’était du temps des Patriotes), marqueront l’essor de sa carrière. La décennie s’ouvrira sur son mariage avec une bourgeoise montréalaise, Françoise-Geneviève, fille de Benjamin Trottier-Desrivières-Beaubien et de Françoise-Geneviève Sabrevois de Bleury.

À la fin de 1832, suite au décès de son père, Louis-Tancrède obtiendra par licitation huit immeubles de la succession à Montréal et dans ses environs, notamment une ferme  la côte Sainte-Catherine où il se fera construire une imposante villa (cette résidence, nommée la maison Outre- Mont, sera à l’origine du nom de la ville qui prendra forme sur le versant nord-est du mont Royal).

Après avoir été nommé commissaire du canal Lachine en 1835, Bouthillier deviendra commissaire des terres de la Couronne en 1838. Vous aurez compris qu’il ne combattait pas au côté de Chénier à Saint-Eustache, ni nulle part ailleurs non plus. Ce n’était peut-être pas un mécréant (du moins, je l’espère pour nous), mais quelqu’un qui s’est vu offrir des charges administratives importantes en 1837 par Lord Gosford. Ce n’était donc pas non plus ce que l’on pourrait appeler un résistant.

À compter de 1850, il occupera le poste de percepteur des douanes de Montréal, fonction qu’il quittera en 1863 pour devenir shérif de la ville pendant près de dix ans. C’est en 1864 que ce loyaliste canadienfrançais deviendra le 17e président de la SSJB de Montréal… poste qu’il n’occupera pas très longtemps d’ailleurs, puisque l’année suivante ce ne sera déjà plus lui. Décédé en 1881, Louis-Tancrède Bouthillier laissera comme héritiers