L’unilinguisme anglais irrite Robert Sirois

Jonathan Guay | Journal de Montréal

Il est déçu de l’attitude des dirigeants d’Équipe ­Canada junior à l’endroit des joueurs québécois

 
Robert «Bob» Sirois a toujours fait de la discrimination faite à l’endroit des joueurs québécois de la LNH son cheval de bataille. Dans ce contexte, pas étonnant qu’il ait sursauté en apprenant que l’anglais était obligatoire dans l’entourage d’Équipe Canada junior au dernier championnat mondial de hockey.

«Je n’ai pas été surpris, mais j’ai été très déçu d’entendre cela», reconnaît Sirois, un ancien porte-couleurs des Capitals de Washington dans les années 1970, et auteur du livre Le Québec mis en échec paru en 2009.

«Je suis d’accord que l’anglais soit la langue d’usage dans le sport, et je n’ai aucun problème avec ça.

«Mais que des directives soient données aux francophones afin qu’ils surveillent leur langage, je trouve que ce sont des enfantillages.»

Sirois se désole de voir que la situation n’a pas évolué depuis les 45 dernières années.

«J’ai toujours pensé que la façon de faire de Hockey Canada évoluerait au fil du temps, mais ce n’est pas le cas.

«La seule nouveauté dans cette histoire, c’est qu’un joueur – en l’occurrence Julien Gauthier -, ait osé parler publiquement de la situation.»

 

 

« Politique mal placée »

L’équipe canadienne junior affichait un contingent de sept joueurs pouvant s’exprimer en français.

Selon Bob Sirois, la situation est d’autant plus déplorable que le directeur général Joël Bouchard et l’entraîneur-chef Dominique Ducharme sont des Québécois.

«En appliquant cette directive, Bouchard et Ducharme ont voulu plaire à leurs patrons. Ils ont voulu prouver qu’ils étaient des real Canadians et que les francophones devaient suivre le pas», peste Sirois.

«C’est une politique mal placée. Il y en a qui pensent qu’une telle décision soude une équipe alors qu’en fait, ça crée des problèmes.»

Pour illustrer la situation de deux Québécois qui auraient voulu se parler en français dans le vestiaire de l’équipe canadienne, Sirois sert une métaphore pas piquée des vers.

«Cette situation me rappelle les jeunes qui voulaient prendre une bouffée de cigarette en cachette à l’école dans les années 1970-1980. Ils regardaient autour d’eux pour être sûrs que personne ne les surveillait. Ça n’a pas de bon sens…»

 

 

À quand Équipe Québec ?

Lors du championnat mondial junior à Montréal, une quinzaine de manifestants ont pris d’assaut le Centre Bell à un certain moment, pour revendiquer la mise sur pied d’Équipe-Québec.

Une initiative organisée par la Fondation Hockey-Québec, dont l’un des fondateurs est Sirois.

«On avait six ou sept Québécois au sein de l’équipe nationale, mais on devrait en avoir 21, raconte Sirois à ce sujet. Nos hockeyeurs québécois ont besoin de visibilité sur la scène internationale. Mais bon, c’est une question très politique; il y en a qui manquent le bateau.»

 

 

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