Ni à droite, ni à gauche, en avant !

Extrait du blog de Florent Michelot

Florent MichelotLa conclusion de cette première semaine de campagne électorale 2014 est significative d’un mouvement de fond enclenché il y a plusieurs années.Voici une note de blogue dans laquelle je reviens sur les atermoiements du Parti québécois en filigrane de l’annonce de l’investitue de M. Péladeau dans Saint-Jérôme.

 

 

Article dans le Républicain Québécois le 9 mars 2014

L’échec du rassemblement national par le mythe du Centre plutôt que par la seule indépendance

Comme pour des milliers d’individus immigrants et nouvellement citoyens, j’aurai l’honneur d’exercer pour la première fois mon devoir de citoyen à l’occasion du scrutin du 7 avril prochain.

Un rassemblement de Cap sur l’indépendance avec, notamment, Françoise David, Bernard Landry, Vivian Barbot, Pauline Marois et Daniel Paillé – Photo Le Devoir

Depuis mes premières semaines ici, en 2006, je porte dans mon coeur le projet indépendantiste. Quoi que certains veuillent faire croire que les nouveaux arrivants sont plus frileux sur la question nationale, je crois au contraire que beaucoup d’entre eux y sont bien plus disposés qu’on ne le pense. La raison en est simple : la normalité d’appartenir à un État souverain, nous la connaissons, de même que la possibilité d’être fier de sa Nation, lors d’une compétition ou d’événements rassembleurs notamment, sans à devoir supporter les Cassandres qui accusent de tout politiser. L’indépendance pour moi, comme pour beaucoup de mes nouveaux concitoyens donc, elle est nécessaire, urgente et réalisable.

Un rassemblement de Cap sur l’indépendance avec, notamment, Françoise David, Bernard Landry, Vivian Barbot, Pauline Marois et Daniel Paillé – Photo Le Devoir
Un rassemblement de Cap sur l’indépendance avec, notamment, Françoise David, Bernard Landry, Vivian Barbot, Pauline Marois et Daniel Paillé

Indépendantistes : ni ennemis à droite, ni adversaires à gauche

Je suis un homme de Gauche, aussi. C’est d’ailleurs selon moi, un corollaire logique de mon indépendantisme — les deux étant intimement liés, se nourrissant l’un et l’autre —, la Gauche portant en elle la volonté de dépassement de l’ordre établi, volonté procédant elle-même de l’idée que rien ne peut résister, pas même les plus grands défis, aux progrès de l’esprit humain, lorsque particulièrement mû par des projets collectifs.

D’autres expliqueront leur attachement au projet national sur la base d’autres raisonnements. Ils ne sont à mes yeux pas moins valides; au contraire, ils tout aussi louables, car complémentaires, puisqu’ils attaquent par leurs raisonnements certains angles-morts des discours de gauche.

La dislocation programmée du bloc souverainiste

Dans l’absolu donc, qu’un grand chef d’entreprise québécoise se rallie ouvertement au projet indépendantiste n’est pas de nature à heurter mes convictions. Et, oserai-je même, ce genre de ralliement me semblerait de nature à renforcer notre projet collectif si toutefois le Parti québécois tenait un discours clair et disposait d’une stratégie rassembleuse autour de l’indépendance. Refuser de « faire de la politique ouverte » et se contenter de s’en remettre à la nébuleuse rédaction d’un « livre blanc », c’est demander au peuple de faire aveuglément confiance à ses dirigeants. D’ailleurs, parler de « prérogative » ministérielle tel un pouvoir régalien médiéval, comme l’a fait Mme la Première ministre Marois, cela dénote une bien mauvaise compréhension de cet élan inexorable et universel de démocratisation participative.

Ajoutons à cela que ledit entrepreneur est à l’origine de conflits sociaux parmi les plus médiatisés qu’ait connus le Québec de ces dernières années. Bref, il n’est pas besoin d’être grand devin pour comprendre que cela puisse facilement paraître pour un bras d’honneur à ceux des progressistes-indépendantistes fatigués d’avoir trop longtemps contorsionné leurs convictions au profit d’un parti de coalition qui n’assume plus qu’à demi-mot son essence.

Rassembler, c’est une responsabilité

Et si M. Péladeau rappelait ce matin les mots de M. le Premier Ministre Landry, « ni à droite, ni à gauche, devant! », il revient au seul Parti québécois de faire la démonstration claire que l’indépendance est effectivement devant nous, sans les atermoiements brumeux dont la première semaine de campagne nous a encore abreuvés, de la formule du « premier mandat, dans le deuxième, dans le troisième », au fameux « en temps et lieu ». Autant la profession de foi indépendantiste de M. Péladeau peut être saluée, autant la démarche opaque privilégiée par les officines péquistes doit être condamnée.

Qu’on le veuille ou non, d’ici à ce que le flambeau de l’indépendance soit repris dans un élan d’unité nationale, la démarche embarrassée qui préside au PQ depuis 2007, confirmée par cette première semaine de campagne, n’en finit plus de valider les démarches de Québec solidaire et d’Option nationale.