Passez un « Joyeux décembre »

Article de Jean-Philippe Arcand paru dans le 24 H du 19 décembre 2009.

« Ce n’est pas très intéressant, laisse tomber d’entrée de jeu Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste. Au Québec, on veut tellement être inclusifs qu’on finit par s’exclure nous-mêmes. » – Mario Beaulieu

En cette période de festivités, ils seront probablement nombreux à vous souhaiter un joyeux Noël, ou encore de joyeuses Fêtes. Mais sur le Plateau Mont-Royal, on préfère vous souhaiter…un « joyeux décembre ». Un vœu que certains perçoivent comme une tentative d’accommodement raisonnable.

Le surprenant souhait se retrouve sur des sacs réutilisables produits par la Société de développement de l’avenue Mont-Royal (SDAMR) et vendus depuis la mi-novembre dans les différents commerces de l’artère en question.

Précisons tout de même que dans ce contexte, « joyeux décembre » fait référence à un événement des Fêtes du même nom, organisé par la Société et se tenant sur le Plateau depuis maintenant cinq ans. Ce festival de quartier a comme principal objectif de faire interagir des citoyens issus de différentes cultures afin qu’ils partagent leurs coutumes respectives du temps des Fêtes.

Malgré tout, cette petite phrase ne manque pas d’irriter certains groupes de défense de la langue française et de la nation québécoise, qui y voient une preuve que la population québécoise se « désincarne. »

Multiculturel

Rejoint par 24H, le directeur général de la SDAMR, Michel Depatie, affirme plutôt que le festival se veut d’abord et avant tout « inclusif ».

« Certains ne fêtent pas Noël, mais tout le monde fête ce mois-ci », indique-t-il, précisant que l’idée maîtresse de Joyeux Décembre est « d’ouvrir la population à ce qu’est Montréal aujourd’hui. »

À tous ceux scandalisés par le souhait, M. Depatie réplique que « les gens ont droit de le percevoir comme ils veulent. »

« Le festival existe depuis cinq ans et toujours sous le même nom. À cette époque, on ne parlait pas d’accommodements raisonnables », lance-t-il.

Une inclusion nocive ?

« Ce n’est pas très intéressant, laisse tomber d’entrée de jeu Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste. Au Québec, on veut tellement être inclusifs qu’on finit par s’exclure nous-mêmes. »

Craignant même qu’une telle démarche ne vienne « créer des ghettos », ce dernier soutient qu’on devrait faire des efforts pour « se rapprocher à partir de ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous différencie. »

L’édition 2009 de Joyeux Décembre a débuté il y a deux semaines et se termine jeudi prochain, le 24 décembre.

Lire l’article dans le site Internet de 24 h