Réflexions autour d’une école à construire

CLAUDE RICHARD | JOURNAL LE PATRIOTE | JANVIER 2015

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Les Lanaudois et les lecteurs de Vigile connaissent plus ou moins le dossier, ou du moins en ont entendu parler. Il s’agit de la mésentente autour d’un terrain nécessité par la construction d’une école française à Repentigny.

Résumons les faits. En mai 2013, les autorités de la Commission scolaire des Affluents reçoivent du ministère de l’Éducation la permission de construire une école primaire dans Valmont-sur-Parc, un quartier en forte expansion de Repentigny. La recherche d’un emplacement propice commence alors, rendue difficile par la rareté des terrains libres dans ce secteur.

Après avoir envisagé quelques hypothèses, les intervenants au dossier se rendent à l’évidence : le meilleur endroit se trouve à proximité de l’école anglaise Franklin-Hill sur l’excédent d’un vaste terrain cédé gratuitement par la ville de Repentigny à la Commission scolaire anglophone Sir-Wilfrid-Laurier en 2003 pour la construction de ladite école.

C’est là l’opinion de la ville de Repentigny, d’un regroupement de parents du secteur et de la CS des Affluents. Le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec appuient ce choix. La section Pierre-Le Gardeur de la SSJB prend aussi position dans le même sens en août dernier.

Mais, après quelques pourparlers, la CSSWL refuse catégoriquement de céder ses droits sur ce terrain. En juillet, les parents anglophones et anglotropes (70 % de ces parents sont des francophones exemptés de l’odieuse loi 101) d’élèves de Franklin-Hill envahissent l’hôtel de ville de Repentigny et somment littéralement la ville de fournir un autre terrain que « le leur » pour cette nouvelle école.

Devant l’impasse, le dossier est référé au ministère de l’Éducation, qui tergiverse depuis près de quatre mois (la décision n’avait pas été prise au moment d’écrire cet article). Le temps presse pourtant, car si le terrain n’est pas trouvé en décembre, l’école ne pourra être prête pour la rentrée de septembre 2016.

Que penser de cette affaire qui traîne en longueur ? D’abord, on reste étonné devant la fermeture des anglophones-anglotropes. Ces gens ont reçu du milieu francophone sans qu’il leur en coûte un sou une très grande superficie de terrain, dont ils n’ont utilisé que le tiers pour leurs fins scolaires. Le reste ne sert à rien depuis et, au lieu d’en faire remise aux francophones qui en ont un urgent besoin, ils s’obstinent à dire non et se mobilisent de toutes leurs forces en tentant au passage de discréditer la CS francophone.

Deuxièmement, le milieu francophone a présenté un front uni, à peine entamé par la mesquinerie de la minuscule opposition à l’hôtel de ville de Repentigny. Mais force est d’admettre que ce milieu ne s’est presque pas mobilisé, contrairement à son vis-à-vis. La presse locale (propriété de Transcontinental) a rapporté les faits parcimonieusement et a refusé, entre autres, de publier deux communiqués de la section Pierre-Le Gardeur qui étaient pourtant tout ce qu’il y a de plus mesuré, mais qui mettaient un peu de pression sur les anglos et sur le ministère. De même, la CS des Affluents est restée très timide, s’abstenant, par exemple, de faire appel aux contribuables à l’occasion de l’envoi du compte de taxes en septembre.

Cette retenue du côté francophone n’est pas sans influer sur l’attitude du chancelant ministre de l’Éducation. On sait déjà la très grande sensibilité de l’équipe ministérielle en place à Québec vis-à-vis des desiderata de la minorité anglophone. En l’absence d’une pression soutenue des francophones, le ministre se montre réticent à intervenir auprès de la CSSWL et à lui imposer une solution dont la justesse saute aux yeux. Et cela malgré le constat que cette solution fait épargner beaucoup d’argent aux contribuables en cette période de restrictions tous azimuts décrétée par le gouvernement Couillard-Coiteux.

Il y aurait encore bien des choses à dire sur cette situation à bien des égards coloniale, où une petite minorité tient en échec tout un milieu. Nous pourrons y revenir, mais entre-temps continuons de suivre cette histoire dont le dénouement ne saurait tarder. Une nouvelle administration scolaire a été élue dans le Bas-Lanaudière en novembre. L’un de ses membres est un parent engagé de Valmont-sur-Parc qui a reçu l’appui de la section Pierre-Le Gardeur. Il nous a promis de ne pas lâcher le morceau. •••