Revue de presse – Le nouveau fédéralisme et autres sujets de réflexion

Québec et le ROC

Toujours dans le Globe and Mail, Jeffrey Simpson attire l’attention de ses lecteurs sur la mise en veilleuse de l’option souverainiste. Il ne cherche pas à les bercer d’illusions. «Pour la première fois depuis des décennies, le Canada ne vit pas avec le spectre de la sécession du Québec», mais cela ne présage rien, prévient-il. «La fierté forte et justifiée des Québécois francophones a toujours servi à définir la province. Cette fierté peut prendre différentes formes et aller dans diverses directions. Personne ne peut prédire ce qui adviendrait si cette fierté était blessée ou menacée.» Mais en cette fin d’année 2011, le bilan est clair. Le Bloc québécois a été décimé après avoir dominé pendant six élections. Le Parti québécois est déchiré et en baisse dans les sondages. C’est la Coalition avenir Québec qui domine, un parti qui promet de laisser la question constitutionnelle en suspens pendant dix ans. Simpson n’innove pas en déduisant que les Québécois ont soif de changement et il ne prétend pas pouvoir cerner le genre de changement désiré, mais il note cette volonté de prendre une pause du «débat existentiel» sur la question nationale. Si tel est le cas, dit-il, «il s’agit d’une position révolutionnaire au Québec. Tous les gouvernements provinciaux depuis la Révolution tranquille […] ont toujours demandé des changements constitutionnels». Mais voilà, le reste du Canada a fini par se lasser et la fatigue a apparemment gagné le Québec, pour qui le reste du pays «ne représente plus une menace». En revanche, Stephen Harper, qui aime se vanter d’avoir contribué à la défaite du Bloc, poursuit des politiques — justice musclée, indifférence à l’égard des changements climatiques, élimination du registre des armes d’épaule — qui sont très impopulaires dans la province, avertit Simpson. «Peut-être que le premier ministre, qui a gagné sans le Québec la dernière fois, regarde les nouveaux sièges créés à l’extérieur de la province et croit qu’il sera facile de le refaire», conclut-il sans trop se mouiller.

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