Un accueil bruyant et une entrée discrète

Article paru dans le site Internet de Radio-Canada le 11 novembre 2009.

Organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste et le Réseau de résistance du Québécois, la manifestation s’est déroulée pacifiquement au milieu de slogans patriotiques et antimonarchistes, comme « Montréal français », « Vive le Québec libre! » et « À bas la monarchie ».

La visite éclair du prince Charles et de son épouse, Camilla Parker Bowles, à Montréal, a pris une tournure quelque peu mouvementée.
Quelque 200 manifestants les attendaient devant la caserne du régiment Black Watch, rue Bleury, au centre-ville.
Les protestataires ont réussi à retarder d’environ trois quarts d’heure leur visite au régiment, qui était prévue pour 17 h 30.

Deux unités antiémeutes du Service de police de la Ville de Montréal avaient été déployées dans le secteur. Les policiers ont dû refouler les manifestants pour dégager la rue.

Ces derniers ont toutefois été déjoués par le dispositif de sécurité, puisque le couple a accédé au bâtiment du régiment Black Watch, dont le prince est le colonel en chef, en passant par une petite ruelle située derrière.

La police dit avoir procédé à trois arrestations. Les individus ont rapidement été libérés, après avoir reçu des constats d’infraction au Code de la sécurité routière. Aucune accusation criminelle ne sera déposée contre eux.

Organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste et le Réseau de résistance du Québécois, la manifestation s’est déroulée pacifiquement au milieu de slogans patriotiques et antimonarchistes, comme « Montréal français », « Vive le Québec libre! » et « À bas la monarchie ». Certains manifestants portaient à bout de bras le fleurdelisé ou encore le drapeau des patriotes. Des oeufs ont en outre été lancés sur l’édifice.

Patrick Bourgeois, le président du Réseau de résistance du Québécois, a déclaré que la monarchie britannique avait exploité des peuples partout dans le monde et que le Québec ne faisait pas exception. Il a également lié la visite du prince à la mission en Afghanistan, à laquelle participent le Canada et la Grande-Bretagne: « Le Québec est contre la guerre en Afghanistan. C’est notre chance de faire passer notre message auprès du prince Charles et de plusieurs personnes au Canada. »

D’autres manifestants ont soutenu que le couple royal n’avait rien à faire au Québec. Les deux organisations à la tête de ce mouvement de protestation avaient annoncé leurs intentions.

L’héritier de la couronne d’Angleterre et la duchesse de Cornouailles seront de retour à Ottawa en soirée pour prendre part aux cérémonies du jour du Souvenir qui se dérouleront au centre-ville de la capitale mercredi. Ils iront aussi à Petawawa.

Un accueil plus poli mais sans enthousiasme

Le couple royal a foulé le sol montréalais à 13 h avec une trentaine de minutes de retard. Une rencontre avec le premier ministre du Québec Jean Charest a eu lieu à son bureau de la métropole, ce qui a donné lieu à un important déploiement policier.

Les policiers déployés étaient presque aussi nombreux que les badauds. Les quelque 200 personnes venues assister à la première étape du périple du couple royal à Montréal lui ont réservé un accueil poli. On pouvait entendre quelques applaudissements et voir quelques salutations de la main, mais il n’y avait pas d’enthousiasme débordant.

Le premier ministre Charest a accueilli le couple à l’extérieur de l’édifice et s’est adressé en français au prince, qui parle cette langue couramment. Il lui a remis un coffret de 11 films québécois et une sculpture réalisée par un artiste inuit.

Par la suite, le couple royal a visité les locaux du Cirque du Soleil, dans le quartier Saint-Michel, pour assister à un spectacle. Le prince et sa femme ont également fait un saut au Biodôme. Au total, la visite devrait durer huit heures. Pour Charles, il s’agit d’une première visite depuis 1976.

Début de journée à Ottawa

En avant-midi, le couple a rencontré la gouverneure générale Michaëlle Jean et le premier ministre Stephen Harper à Rideau Hall, à Ottawa, où ils ont tenu des discussions informelles.

La coutume veut que le gouvernement canadien remette un cadeau aux membres de la famille royale qui lui rende visite. Or, le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles ont décidé de renoncer à leur présent. En lieu et place, ils ont demandé à Ottawa de faire un don au Fonds pour les familles des militaires. Le premier ministre Harper a annoncé que 250 000 $ seront versés à ce fonds au nom du couple royal. Il a félicité le prince Charles et son épouse pour « leur soutien à nos militaires ».

Créé en 2007, le fonds offre une aide d’urgence aux militaires et à leurs proches dans le cas « d’imprévus ou de besoins souvent immédiats découlant des exigences du service », précise-t-on dans le communiqué émis par le bureau du premier ministre.

Par ailleurs, Stephen Harper a remis au couple des cadeaux destinés aux princes William et Harry, notamment des chandails et des casques à l’effigie d’une unité de réserve des Forces canadiennes. Le prince Charles a aussi rencontré le chef libéral Michael Ignatieff.

Le prince héritier de la Couronne britannique en est à sa 15e visite au pays, tandis qu’il s’agit d’un premier passage au Canada dans des fonctions officielles pour sa femme.

Une visite qui dérange

Rappelons que la visite du prince Charles ne fait pas l’unanimité dans la classe politique.

Le Bloc québécois avait dès le départ indiqué qu’il ne participerait pas aux activités entourant la visite du couple princier. « Tout comme 86 % des Québécoises et Québécois, le Bloc québécois refuse de cautionner ce régime et c’est pourquoi il ne participera pas aux activités entourant la venue du prince Charles au Canada », avait déclaré le député bloquiste Jean Dorion.

On se souviendra que des émeutes avaient éclaté en 1964 lors de la visite de la reine Élisabeth II dans la ville de Québec. Depuis cet événement, connu comme le « samedi de la matraque », la reine et sa famille ont évité le plus possible de venir au Québec lors de leurs visites officielles au pays.

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