Un pipeline pour l’unité canadienne ?

Le Patriote – sept 2016

En réaction au refus de la Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM), la chef de l’opposition officielle, Rona Ambrose, a affirmé que le débat entourant le pipeline affecterait l’unité canadienne. Selon la chef conservatrice, la CMM devrait se prosterner devant les intérêts économiques supérieurs de l’Ouest canadien. Quant à lui, le ministre des Finances de l’Alberta, Joe Ceci, est même allé jusqu’à affirmer que les pipelines étaient cruciaux pour l’économie future du Canada.

 

Xavier Barsalou-Duval avec Jici Lauzon. On se rappelle que les deux hommes s’étaient affrontés dans la même circonscription lors des élections fédérales d’octobre 2015, le premier pour le Bloc Québécois et le second pour le parti Vert. Par la suite, partageant ce souci pour l’environnement, ils sont devenus amis et notre cher Jici s’est mis à rebleuir de plus belle pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans !
Xavier Barsalou-Duval avec Jici Lauzon. On se rappelle que les deux hommes s’étaient affrontés dans la même circonscription lors des élections fédérales d’octobre 2015, le premier pour le Bloc Québécois et le second pour le parti Vert. Par la suite, partageant ce souci pour l’environnement, ils sont devenus amis et notre cher Jici s’est mis à rebleuir de plus belle pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans !

TransCanada affirme depuis des années que l’ensemble du Canada profitera de cet oléoduc. Pourtant, avec une consommation de 350 000 barils par jour pour une capacité de production de 372 000 barils par jour, les raffineries québécoises produisent déjà presque à pleine capacité. En réalité, 93 % des 1,1 million de barils qui transiteraient par le pipeline chaque jour seraient destinés à l’exportation. Pour le Québec, il ne reste alors que les retombées de la construction et de l’entretien. Les premières seront temporaires et pour les secondes, on parlerait d’une manne de 33 emplois ! On peut donc très objectivement en conclure que pour tous les risques encourus, les retombées économiques pour le Québec seront très faibles, pour ne pas dire infimes.

On sait aussi que 45 % de la population du Québec tire son eau potable du fleuve Saint- Laurent et qu’il est impossible pour TransCanada de détecter des fuites représentant moins de 1,5 % du débit de l’oléoduc. Dans un tel contexte, il est difficile de ne pas comprendre que la CMM s’oppose à ce projet. J’en arrivais d’ailleurs aux mêmes conclusions dans le mémoire que j’ai corédigé et présenté au nom du Bloc Québécois lors des audiences publiques en septembre 2015.

Si le Canada tient tant à trouver une voie de sortie pour ses sables bitumineux, c’est simplement parce qu’il y a investi des sommes colossales. Il faut savoir que dans une étude menée par le commissaire à l’environnement et au développement durable, on découvrait que le gouvernement fédéral avait dépensé directement 40,4 milliards de dollars dans l’industrie des combustibles fossiles de 1970 à 1999 et 508 millions de 2007 à 2012. Une telle concentration de fonds publics dans un même secteur a certainement des impacts comme celui de nuire à des secteurs non complémentaires. Le parfait exemple de la situation est l’augmentation de la valeur du dollar canadien qui, par le fait même, nuit au secteur manufacturier québécois qui a perdu plus de 140 000 emplois entre 1999 et 2014.

Alors que l’industrie pétrolière canadienne est présentement en pleine crise, on accuse le Québec de ne pas être complice de son propre entraînement dans cette spirale descendante. La première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, a même accusé les maires québécois de manquer de vision à long terme. Les sables bitumineux seraient-ils devenus une ressource renouvelable?

Force est de constater que le projet Oléoduc Énergie-Est va tout à fait à l’encontre de l’intérêt national du Québec. Pourtant, malgré le fait qu’il comporte une délégation importante de Québécois, dont le premier ministre Justin Trudeau lui-même, tout indique que le gouvernement fédéral ira de l’avant. Selon plusieurs, il nous faudrait tout accepter au nom du fédéralisme canadien. Quel coût l’unité canadienne doit-elle avoir pour le Québec? Je crois qu’il est temps que le camp fédéraliste, dont fait partie Denis Coderre, s’interroge.