Un rapport digne de Lord Durham

Le Comité sénatorial du Canada sur les langues officielles a remis un rapport intitulé «L’épanouissement des communautés anglophones du Québec : du mythe à la réalité.» Les membres du Comité demandent au gouvernement fédéral de s’ingérer davantage dans le dossier linguistique au Québec afin de favoriser l’usage de l’anglais.

La minorité historique anglophone bénéficie déjà de privilèges qui correspondent à des vestiges du colonialisme britannique, alors que les francophones du reste du Canada n’ont souvent aucun service en français. Il reste 4,5 % de Canadiens de langue maternelle française à l’extérieur du Québec et seulement 2,5% d’entre eux utilisent encore le français à la maison. Depuis l’établissement de la loi 101, les groupes de pression anglophones ont travaillé sans relâche à l’affaiblissement de la Charte de la langue française avec l’appui du gouvernement du Canada anglais. Ils ont réussi à nous culpabiliser en présentant la communauté anglophone comme une minorité maltraitée. Dans un tel contexte, la loi 101 a subi plus de 200 amendements qui l’ont affaiblie dans la plupart de ses secteurs d’application. Le dernier recul imposé par le fédéral est la loi 115 sur les écoles passerelles. La SSJB enjoint tous les partis fédéraux qui prétendent vouloir respecter le droit du Québec à assurer l’avenir et l’épanouissement du français à se dissocier de ce rapport.

Les institutions anglophones au Québec bénéficient d’un financement complètement disproportionné par rapport au poids démographique des anglo-québécois. Les universités anglophones du Québec reçoivent 35% des subventions fédérales et 25% du financement gouvernemental québécois, alors qu’il y 8,2% d’anglophones. Les cégeps publics anglophones reçoivent 18% des fonds gouvernementaux québécois.

La disproportion est encore plus marquée pour les services sociaux et de santé. Par exemple, il n’y a aucun hôpital francophone dans toute la partie ouest de l’île de Montréal (à partir des circonscriptions de Marquette et Saint-laurent), alors qu’on retrouve une proportion égale de 34% d’anglophones et de francophones de langue maternelle dans la partie ouest de l’île de Montréal (à partir des circonscription de Marquette et Saint-laurent). En 2008, le dernier hôpital francophone de cette région, l’Hôpital de Lachine, a été intégré au McGill University Health Center (MUHC). Le MUHC est maintenant l’un des plus importants employeurs à Montréal avec ces quelque 16 000 employés. Cela est sans compter le mégahôpital anglophone McGill construit au coût de plus de 2 milliards $ qui a aussi reçu la totalité des 100 millions $ du « Canadian Foundation for Innovation » (CFI).

Les conclusions du Comité sénatorial permanent des langues officielles s’appuient, notamment, sur une étude pour le moins tendancieuse de Jack Jedwab, de l’Association des études canadiennes et du Quebec Community Groups Network (QCGN), successeur d’Alliance Quebec, qui faisait croire que le salaire des anglophones est moindre que celui des francophones. La réalité est toute autre, alors que le recensement de 2006 établit clairement que le revenu annuel moyen des anglophones (36 857 $) est toujours de 4 000 $ plus élevé que celui des francophones (32 824 $). Parmi les travailleurs qui ont œuvré toute l’année à plein temps, le revenu médian des anglophones était supérieur de 3 700 $ à celui des francophones et leur revenu moyen, supérieur de 13 500 $.

Le QCGN bénéficie lui-même largement du financement fédéral (4 à 5 millions $ par année), tout comme l’Association des études canadiennes. Dans son rapport annuel, le QCGN déclare ouvertement avoir reçu l’aide de Santé Canada pour faire élire des anglophones sur les conseils d’administration des hôpitaux au Québec!

Ce rapport est déposé au moment où la proportion d’anglophones au Québec a connu une augmentation exceptionnelle, alors que les francophones devenaient minoritaires à Montréal (recensement de 2006). Selon les prévisions du président du Comité de suivi de la situation linguistique à l’Office québécois de la langue française (OQLF), le français poursuit un déclin rapide à Montréal (42% en 2051) et un déclin à moyen terme dans l’ensemble du Québec (72% en 2051),

Si ce rapport devait avoir un impact, ce sera celui de réveiller les Québécoises et les Québécois afin qu’ils cessent de se laisser culpabiliser et qu’ils se mobilisent massivement pour faire du français la seule langue commune et officielle au Québec. Si le gouvernement du Canada anglais devait donner son aval aux recommandations du Comité sénatorial, il deviendra de plus en plus clair que peu d’alternatives s’offrent à nous : l’assimilation… ou l’indépendance!

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