Une bonne fois pour toutes

17 novembre 2016, 17h30
Maison Ludger-Duvernay
Coquetel inaugural du colloque historique sur les 40 ans
de la prise du pouvoir du gouvernement Lévesque
Discours du Président général

 

 

Une bonne fois pour toutes

Monsieur le Premier ministre et président d’honneur,
Madame la Première ministre,
Monsieur le chef de l’Opposition officielle,
Chers anciens ministres et anciens parlementaires,
Chers anciens Présidents généraux,
Distingués invités,

Bienvenue en notre belle Maison Ludger-Duvernay, ce carrefour par excellence de débats et de réflexions sur notre passé, notre présent et notre avenir communs.

C’est dans ce lieu qu’ont émergé tant d’idées phare pour la poursuite de notre destinée nationale. C’est même dans ce lieu, qui abritait jadis le Club de réforme, qu’a été conçue et articulée en bonne partie la Révolution tranquille avec Georges-Émile Lapalme.

Aujourd’hui et pour les deux prochains jours, c’est dans ce lieu, aussi, que nous réfléchirons ensemble la portée historique de l’accession au pouvoir du gouvernement de monsieur René Lévesque le 15 novembre 1976, et que nous discuterons de l’évolution du parti qu’il a fondé, le Parti Québécois, celui-là même dont on a déjà cru à tort qu’il ne serait qu’une erreur de parcours.

Ce colloque que nous tenons ces jours-ci, organisé par notre conseillère générale Josiane Lavallée, à qui je rends hommage en passant pour son travail extraordinaire ; ce colloque ne se veut surtout pas une activité partisane. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, fondée en 1834, est une organisation citoyenne, comme vous le savez. Elle a vu passer depuis sa création, des dizaines et des dizaines d’hommes et de femmes politiques, des dizaines et des dizaines de chefs historiques, des dizaines et des dizaines de formations et d’organismes politiques de toutes natures.

Pendant tout ce temps, elle est restée là, solide comme le roc, elle a veillé au grain, elle a mené des campagnes extraordinaires et généré de l’avancement collectif, toujours en restant fidèle à son mandat historique en tant que première Société nationale, en tant que mère et centre de gravité de ce mouvement citoyen, véritable ministère du combat civique et patriotique au Québec. Ce mandat, cette mission fondamentale, cristallisée dans plusieurs lois de l’Assemblée nationale depuis la moitié du 19e siècle, consiste essentiellement à rappeler inlassablement à nos élus, à nos élites, à nos gouvernants « [qu’]on existe, [qu’]on existe», et parfois jusqu’à leur botter le derrière pour bien signifier qu’il y a ici un peuple, et que ce peuple peut, doit, mérite de vivre et de s’émanciper. Que ce peuple vivra et s’émancipera, parce qu’il ne s’agit pas seulement pour lui de survivre, mais d’accoucher de lui-même pour parachever cette grande aventure de quatre siècles qui nous rend si entêtés d’avenir.

Ce colloque est donc non-partisan. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal n’est pas péquiste, pas plus qu’elle n’est caquiste d’ailleurs, ou libérale ou Québec-solidaire ou oniste. Mais, notre rôle consiste à accompagner tous ceux et celles qui, au-delà de leurs couleurs politiques, de leurs couleurs de peau, ou même de leurs couleurs… de caleçon, aiment le Québec au point de le vouloir grand, beau, fort ; au point de vouloir en faire leur patrie, leur pays.

Qu’on soit péquiste ou non, nul ne peut nier que l’élection du 15 novembre 1976 aura bousculé durablement notre paysage politique. Cet événement majeur a structuré et structure encore nos débats politiques, n’en déplaise à ceux qui voudraient nous faire croire que la question nationale est dépassée ou qu’elle n’est pas une vraie affaire. Or, le fait est que la question nationale est toujours en 2016 une vraie vraie affaire, qu’elle est incontournable, qu’elle est irréductible, tout comme notre mouvement qui la porte toujours aussi fièrement, tout comme les 40% de Québécois qui tiennent toujours à ce qu’on y réponde enfin, à cette question nationale, sachant que la réponse se trouve déjà à bien des égards, dans la question.

Alors, comme organisme non-partisan, on aurait très bien pu envisager de tenir plutôt un colloque sur les 150 ans du Parti libéral, mais bon comme ils vont eux-mêmes s’en charger l’an prochain à coup de 300 000 $… Et comme on n’a pas tellement de d’entrées dans les cercles intellectuels de criminologues… (C’est une blague… Remarquez, il y a toujours un fond de vérité dans chaque blague…). Bref, il valait mieux que l’exercice porte sur le Parti Québécois, sachant cette fois qu’il ne manque pas de brillants politologues, sociologues, juristes pour approfondir cette matière, comme en témoigne d’ailleurs notre formidable programmation, et considérant aussi qu’on doit bien ça au grand René Lévesque, celui qui, comme le dit son épitaphe écrite par Félix Leclerc, « fait partie de la courte liste des libérateurs de peuples ». Monsieur Lévesque, qui était un ami de la Société, et avec qui on aimerait tant discuter par les temps qui courent, autour d’une bière ou d’un scotch dans un pub du Quartier latin ou du Vieux-Québec…

Qu’est-ce qu’il dirait, Qu’est-ce qu’il penserait, monsieur Lévesque, de la suite de l’histoire, de tout ce qu’il a manqué depuis son départ, de l’évolution du mouvement dont il est l’un des pères, des nouvelles générations d’indépendantistes et de progressistes qui lui ont succédé? Qu’est-ce qu’il dirait de son propre parcours, avec le recul? On ne le saura jamais. Et bien malin qui oserait le dire en son nom. Mais, on a la chance d’avoir parmi nous, et tout au long de ce colloque, des témoins vivants, des acteurs historiques du Parti Québécois, du temps de son fondateur, et du temps de ses successeurs, qui peuvent nous en apprendre et aider à faire la lumière sur le passé, l’être et le devenir de ce parti et plus encore, le sort du mouvement dont il est encore le navire amiral ? Merci aux Pauline Marois, Bernard Landry, Louise Harel, Louis Bernard, Marc-André Bédard, Pierre Marois, Gilbert Paquette, André Larocque, Jean Royer, Jean-Pierre Charbonneau, Marie Malavoy, Pierre Duchesne, Maxime Arseneau, d’avoir accepté notre invitation.

La capacité pour un mouvement politique de mener un exercice réflexif, de dresser de temps à autres un bilan critique, sans complaisance, de son propre parcours, c’est là une grande qualité à cultiver, c’est là la preuve d’une volonté véritable de réactualisation et d’un sens de la sagesse et de la maturité politique. Surtout, cela démontre que c’est le bien commun que nous voulons, pas seulement notre bien individuel, pas seulement celui d’une organisation. L’idée, c’est de dégager de l’ensemble de cet exercice, les moyens de mieux servir le bien commun, tout en restant fidèle aux rêves qui ont enfanté ce mouvement. Et c’est de le faire de manière constructive, en ayant bien accusé réception, du reste, des claques au visage qui nous sont parfois administrées à juste titre, tantôt par l’électorat, tantôt par nos alliés, tantôt par les Christian Saint-Germain de ce monde et autres brillants empêcheurs de tourner en rond, que leur mère a mis au monde, eux aussi, et qu’on peut-être devrait écouter davantage. (Petit clin d’œil à Harmonium, ici, dont on célébrait aussi le 40e de leur chef d’œuvre, l’Heptade).

Je tiens à remercier à mon tour nos partenaires que sont la Fondation Lionel-Groulx et son directeur général Pierre Graveline, monsieur le député de Rosemont Jean-François Lisée, monsieur le président du Parti Québécois, monsieur Raymond Archambault, monsieur le président de notre section René-Lévesque, Jacques Boivin. Je remercie également L’Action nationale, qui publiera les actes du colloque au courant de la prochaine année.

Merci spécialement à tous et celles qui se sont inscrits à cette activité qui est à guichet fermé depuis au moins deux semaines, preuve du grand intérêt qu’il y a pour notre histoire et notre avenir politique.

Mes chers amis, nous aurons droit à tout un colloque. Puissions-nous en ressortir plus éclairés, plus déterminés, plus résolus que jamais ! Puissions-nous en tirer toutes les conclusions utiles afin qu’un jour, une bonne fois, une bonne fois pour toutes, autour de 2022 paraît-il, on puisse dire à nouveau : « J’ai jamais été aussi fier d’être québécois ! »

 

Vive la liberté, vive l’indépendance !

 

Signature Maxime Laporte

Maxime Laporte
Président général, Société Saint-Jean-Baptiste