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Adélard Lambert, un gardien méconnu du patrimoine de l’Amérique française

par Danielle Martineau | Lre Patriote
[Texte basé sur les travaux d’Armand Capistran et de Jean-Pierre Pichette.]

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Adélard Lambert, 1935. (Photo : Marius Barbeau. Musée canadien de l’histoire, 78577.)

Né le 15 mars 1867 à Saint-Cuthbert, Adélard Robillard dit Lambert est le fils de Jean-Baptiste Robillard dit Lambert, cultivateur et de Léocadie Rinfret dit Malouin.

Deux ans après sa naissance, son père quitta Saint-Gabriel-de-Brandon pour venir tenter fortune aux États-Unis. Par les nombreux déplacements de la famille Lambert, le jeune Adélard subit les vicissitudes des premiers émigrés ainsi que leur instabilité. Il demeura successivement à Woonsocket et à Albion, Rhode-Island, et à Putnam, Connecticut. Toute la famille retourne à Saint-Gabriel-de-Brandon en 1874, pour revenir après quelque temps aux États-Unis. Élevé dans un milieu étranger à la langue et aux traditions françaises, il reçut une solide formation familiale française, ayant aussi fréquenté les écoles françaises en Nouvelle- Angleterre. Dès l’âge de 11 ans, il débute sa collection de livres.

En 1887, il retourne au Canada pour y habiter pendant trois ans. Il y rencontre Philomène Vigneault qu’il épouse, puis retourne s’établir à Manchester, New- Hampshire. Il devint agent d’une société de thé à Manchester. C’est en exerçant ses fonctions qu’il continue à recueillir des livres en grande quantité. En 1919, son imposante collection contient 4 000 ouvrages témoignant du fait français en Amérique du Nord. Il vend sa collection à l’Association Canado-Américaine à Manchester afin que tous puissent en bénéficier. La politique l’intéressa aussi. Il s’est présenté comme candidat à la charge de l’assistance publique de Manchester et il remporta la victoire. En 1920, il se présenta une autre fois comme candidat à l’office dit « moderator ».

adelard lambert 3En 1921, Adélard Lambert retourne à nouveau au Canada et s’établit à Drummondville. C’est là qu’il commence sa collaboration avec Marius Barbeau, qui va durer près d’un quart de siècle. Monsieur Barbeau, le premier à avoir inventé ce qu’on appelle aujourd’hui l’ethnologie de l’Amérique française, recrutait des associés et Adélard Lambert est de ceuxlà. Leur collaboration a produit des fruits nombreux qu’on peut lire dans les écrits de Barbeau, notamment dans la série de « Contes canadiens » publiés dans le Journal of American Folklore, et dans les Contes de tante Rose que Lambert édita. Plusieurs danses et jeux d’enfants sont aussi publiés sous le titre « Jeux du père Adélard » dans Le Droit d’Ottawa et La Presse de Montréal.

L’oeuvre d’Adélard Lambert ne se limite pas à ces publications, lui qui fut polyvalent et tour à tour bibliophile, folkloriste et polémiste. Ses travaux de terrain, essentiellement menés auprès des membres de sa famille, lui ont procuré 81 contes populaires, 510 chansons, 108 jeux et 130 devinettes, témoignant de son importante contribution dans le domaine du patrimoine oral de sa région d’origine, Lanaudière. Il a été élu conseiller de la American Folklore Society, branche de Québec, pour avoir vécu dans un milieu familial duquel il a pu recueillir beaucoup de données folkloriques, alors que les autres membres de cette société furent retenus et éduqués au collège, les privant d’un contact quotidien permettant la transmission des traditions orales.

Il est aussi l’auteur d’écrits personnels sur sa collection de canadiana (Journal d’un bibliophile), de pamphlets sur la vie quotidienne des Franco-Américains et d’un roman (L’ innocente victime).

Adélard Lambert reçut de nombreux hommages posthumes de la part de Marius Barbeau, Luc Lacourcière et Félix-Antoine Savard, reconnaissant l’irremplaçable contribution de ce citoyen de Saint- Cuthbert à la sauvegarde et à la transmission de l’oralité comme patrimoine immatériel.

Il est décédé le 19 mai 1946, à Drummondville. Il avait épousé Philomène Vigneault fille d’Hubert Vigneault et de Louise Allison à Saint-Cyrille-de-Wendover en 1890.

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