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Débats des chefs en Acadie et au Québec

Frédéric Lacroix | L’AUT’JOURNAL

 

Le journal L’Acadie Nouvelle nous apprenait le 17 août dernier que Radio-Canada Acadie prévoyait remplacer le traditionnel débat des chefs en français tenu dans le cadre des élections provinciales par un « forum citoyen bilingue ». Ceci en collaboration avec la CBC.

En mai dernier, The Gazette nous apprenait que les quatre principaux partis politiques au Québec avaient donné leur accord pour participer au premier débat en anglais tenu dans le cadre des élections « provinciales » au Québec.

Rappelons que le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada. A contrario, le Québec est la seule province qui a le français comme langue officielle.

Certains prétendront que le débat en anglais au Québec est nécessaire par « courtoisie » envers nos citoyens anglophones. Mais alors, quid de la « courtoisie » envers les francophones au Nouveau-Brunswick?

Je ne vois pas d’illustration plus cinglante de la réalité concrète de la dynamique des langues au Canada : l’anglais domine partout, même au Québec, alors que les droits des francophones sont bafoués partout hors Québec, même dans la seule province pourtant officiellement bilingue! Voilà la réalité du Canada : une égalité de façade et une inégalité de fait. Un beau selfie devant un décor de carton-pâte.

Au Québec, en acceptant ce débat historique en anglais, nos élites politiques viennent de se soumettre docilement à la Loi sur les langues officielles fédérale et réalisent un des plus vieux fantasmes d’Ottawa, soit de mettre aux poubelles l’esprit de la Charte de la langue française et de faire du Québec – à nouveau –  un district bilingue.

L’égalité de façade et l’inégalité de fait qui règnent au Canada ne sont pas dues à un manque de bonne volonté, à la paresse, etc., mais elles résultent directement de la structure même de la Loi sur les langues officielles pondue par Trudeau père. Dans cette loi, la langue est comprise comme résultant d’un choix fait par un individu. Il en résulte que la langue choisie par le plus d’individus (l’anglais naturellement) écrase mécaniquement celle qui est choisie par le groupe le moins nombreux (le français naturellement).

La Loi sur les langues officielles est un chef-d’œuvre de duplicité et d’hypocrisie. Trudeau père avait inventé le selfie juridique bien avant Trudeau fils. Pour atteindre réellement à l’égalité, il aurait fallu fonder la politique linguistique canadienne sur un principe territorial, comme la Suisse.

Mais voilà. En acceptant de bilinguiser un moment clé de notre vie politique, les élites politiques québécoises s’écrasent et se conforment à une loi fédérale qui vise à empêcher le français d’être la langue commune au Québec.

On peut donc être sceptique face aux affirmations de certains qui disent vouloir « renforcer le français », alors que leur capitulation sera télévisée.

Ces événements nous font aussi entrevoir l’avenir qui nous guette au Québec : un jour, plus tôt qu’on ne le pense, il n’y aura plus de débat en français, mais un « forum citoyen bilingue ».

 

 

 

SOURCE

 

 

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