Mathieu Simard | Radio Canada
Doug Ford élimine le projet de l’Université de l’Ontario français et le Commissariat aux services en français
Le gouvernement de Doug Ford met fin au projet de création de l’Université de l’Ontario français, une décision motivée par les « défis financiers » de la province. Le gouvernement dissout du même souffle le Commissariat aux services en français. Le traitement des plaintes sera transféré à l’ombudsman de la province.
Le premier ministre Doug Ford et sa ministre de l’Éducation supérieure, Merrilee Fullerton, rompent ainsi leur promesse d’aller de l’avant avec la création d’une université francophone à Toronto.
L’annulation du projet d’université et la transformation du commissariat sont des mesures dissimulées dans l’énoncé économique du ministre provincial des Finances, Victor Fedeli.
Actuellement, le gouvernement n’est pas en mesure de chiffrer les économies qu’il réalisera avec ses modifications.
La Loi sur les services en français est modifiée pour transférer les pouvoirs du commissaire aux services en français à l’ombudsman de l’Ontario.
Le Commissariat aux services en français de François Boileau n’existera plus et les enquêtes seront transférées au bureau de l’ombudsman de l’Ontario de Paul Dubé.
Le Commissaire @BoileauF veut prendre connaissance de tous les détails de l’énoncé économique concernant le @CSFontario avant de commenter l’abolition de son poste. Il va commenter « probablement demain » #icion #onfr
Le Commissariat aux services en français n’est pas la seule victime des compressions du gouvernement de Doug Ford.
Le nombre de commissaires indépendants, qui relèvent de l’Assemblée législative et non du gouvernement, passera de neuf à six d’ici le 1er mai 2019.
En plus du poste de commissaire aux services en français, le couperet tombe pour le commissaire à l’environnement et l’intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes de l’Ontario.
Leurs mandats seront récupérés soit par le vérificateur général soit par l’ombudsman de la province.
D’autres compressions seront mises en oeuvre dans le milieu de l’éducation pour réduire les dépenses dans ce secteur.
La province avait déjà annoncé, à la fin du mois d’octobre, qu’elle ne financerait pas l’agrandissement de trois campus universitaires dans la grande région de Toronto.
Vives réactions au sein de la communauté franco-ontarienne
De nombreux membres de la communauté franco-ontarienne ont exprimé leur mécontentement et leur déception jeudi.
Le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, est attristé par la nouvelle de jeudi.
« Je pensais avoir atteint l’indépendance d’un poste devant l’Assemblée législative. J’aurais aimé qu’il y ait un débat à l’Assemblée législative sur cette question. Donc de voir une annonce dans un énoncé économique, c’est un peu décevant [dans la manière dont cela a été fait] », dit M. Boileau.
J’ai pleine confiance en Paul Dubé et son équipe. Paul Dubé est un excellent ombudsman. Il fera un super travail, mais il a beaucoup de travail à faire.
« Paul Dubé va avoir tout ça à faire, alors c’est un gros chapeau, c’est beaucoup de responsabilités sur les épaules d’un seul bureau. Ce que j’entends, c’est qu’il n’y aurait pas de suppression de postes à part peut-être le mien. Donc pour moi, c’est ma priorité, c’est ma bataille pour les prochains mois, c’est de m’assurer que le personnel qui est extraordinairement dévoué et compétent soit transféré au bureau de l’ombudsman », ajoute-t-il.
Le Commissariat aux services en français :
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14 employés, dont le commissaire aux services en français
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budget annuel : environ 2,9 millions de dollars
C’est un jeudi noir pour la francophonie. […] On a reculé de façon effroyable.
« On est surpris jusqu’à un certain point », dit le député néo-démocrate Gilles Bisson.
C’est très problématique pour notre communauté. Il s’en fout, des francophones. Il ne reflète pas l’Ontario d’aujourd’hui. C’est un gouvernement antifrancophone.
L’ancienne ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Marie-France Lalonde, a réagi sur les réseaux sociaux.
« Le gouvernement Ford enlève nos acquis avec cet énoncé économique. C’est ni plus ni moins une attaque envers les francophones de l’Ontario », dit-elle.