[ En réaction à cet article publié aujourd’hui dans Le Devoir ]
Dans la foulée de l’affaire Adidas, l’OQLF nous mystifie littéralement, en faisant abstraction de la tendance lourde observée depuis les années 90 quant au déclin de l’usage du français au travail à Montréal. Encore une fois, on fait dans la minimisation des pertes. Les ´french frogs’ bouillent de plus en plus dangereusement dans la marmite de l’anglicisation, mais on s’arrange pour qu’ils ne s’en rendent pas trop compte. Cela fait sans doute l’affaire notre bon gouvernement provincial, qui s’évite du coup une controverse linguistique majeure… Mais il ne faut pas sous-estimer les Québécois. Une étincelle suffit pour que le combat linguistique et indépendantiste retrouve tous ses esprits. Et à cet égard, l’ensemble de notre mouvement, dont les organisations se sont consolidées et modernisées ces dernières années, est prêt pour la bataille.
Chose certaine, si nous n’agissons pas, voici ce qui adviendra : contrairement à ce qui s’est passé ailleurs au Canada où les minorités francophones se sont fait « massacrer » au fil du temps, pour reprendre les mots de Pierre Bourgault, ici au Québec, l’agonie du français se fera tout en douceur ; échelonnée sur des décennies, voire des siècles s’il le faut
– Durham est patient.
Maintenant, pour répondre aux demi-vérités propagées par l’OQLF, la réalité, c’est qu’entre 1989 et 2010 sur l’île de Montréal, le pourcentage de la main d’œuvre du secteur privé utilisant principalement le français est passé de 45,3% à 32,1%. Pour l’ensemble du Québec, cette proportion a chuté de 70,8% à 59,7%. Cela, d’après des données du Conseil supérieur de la langue française.
Et ils osent affirmer que la vitalité du français au travail « se maintient », en laissant entendre que tout va pour le mieux, Madame la Marquise ? Ouvrez-vous donc une bouteille de champagne, tant qu’à y être !
Ces gens-là devraient sérieusement songer à se trouver un autre emploi. Ils ne servent pas le Québec comme ils le devraient.
Maxime Laporte
Président général, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal