JUSTINE MERCIER / LE DROIT
Le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, accuse les libéraux d’avoir accepté sans broncher que les cégépiens souhaitant étudier à la future faculté satellite de la région soient obligés de suivre un programme préparatoire offert uniquement en anglais, à Montréal. Le nouveau gouvernement caquiste veut maintenant « régler » ce « problème », mais prévient que « ça ne sera pas facile ».
« Je ne suis pas de bonne humeur », a lancé dimanche le ministre Lacombe, qui a rencontré ces deux dernières semaines les principaux intervenants impliqués dans le dossier de la faculté satellite de médecine de l’université McGill, qui doit ouvrir ses portes à l’automne 2020 au-dessus de l’urgence de l’Hôpital de Gatineau.
Cette mauvaise humeur émane « du plan de francisation qui avait été présenté par l’université McGill, à la suite de toutes les pressions qu’il y a eu pour que le programme soit offert en français à Gatineau ». Ce plan prévoyait la francisation des quatre années de formation en médecine, mais il était aussi « écrit noir sur blanc que [l’année préparatoire pour les cégépiens] va se donner en anglais à Montréal », a fait savoir M. Lacombe, en entrevue avec Le Droit.
« Je ne peux pas faire autrement que d’être fâché, parce que les libéraux étaient au courant de ça et c’est quelque chose qu’ils ont accepté, déplore-t-il. […] Donc là, nous on arrive au gouvernement et on est pris avec ce problème-là qu’il va falloir régler. Mais ça ne sera pas facile. »
Mathieu Lacombe estime donc que le gouvernement se retrouve aujourd’hui avec « les mains attachées ». La campagne de recrutement pour les cégépiens qui doivent faire leur année préparatoire avant d’entrer à la faculté satellite de l’Outaouais en 2020 est déjà commencée.
« Soit on se dit, par principe, qu’on va suspendre le programme parce que les étudiants ont le droit de recevoir cette formation en français, ou bien on se dit qu’en attendant, on va fonctionner de cette façon-là même si c’est loin d’être la meilleure solution, parce que c’est la moins pire », dit-il.
Le gouvernement ne veut donc pas remettre à plus tard l’entrée de la première cohorte de 24 étudiants dans la faculté satellite en 2020, « parce que c’est quand même un beau projet malgré cet inconvénient majeur de la première année en anglais », note le ministre Lacombe.
Il importe tout de même de « trouver une solution », insiste M. Lacombe, en précisant que « tous les scénarios sont sur la table ».
Le recteur de l’Université du Québec en Outaouais, Denis Harrisson, a déjà indiqué au Droit qu’il ne serait « pas rentable » d’offrir l’année préparatoire dans son établissement, car il n’y aura que de 12 à 20 finissants du cégep par année. Une telle avenue nécessiterait donc des investissements tant pour le corps professoral que pour l’aménagement de laboratoires de sciences.
« Quand on parle à McGill et à l’UQO, les deux nous disent qu’il y a des solutions, mais que ce n’est pas facile et que ça ne sera pas demain demain, note M. Lacombe. […] C’est clair que ce n’est pas quelque chose qui est rentable [pour l’UQO], mais là, il y a un problème. Est-ce que le gouvernement va vouloir injecter de l’argent ? C’est une bonne question. Ce sera une décision de mon collègue ministre de l’Éducation. »
Mathieu Lacombe veut maintenant que le travail « s’enclenche le plus rapidement possible » pour déterminer comment – et quand – l’année préparatoire pourra être offerte en français en Outaouais.
Il n’ose toutefois pas s’avancer sur un échéancier. « Toutes les personnes à qui on a parlé nous ont dit que ça se fait, mais qu’il ne faut pas s’attendre à ce que ça se règle en un an, deux ans, peut-être même trois ans, dit-il. Ça peut être long. »