Une question claire et simple, un calendrier précis, la démarche référendaire écossaise devrait inspirer les indépendantistes québécois, estime Bernard Drainville.
Le député péquiste de Marie-Victorin est revenu samedi dernier tout requinqué d’un séjour de deux semaines au pays des Pictes, une expérience qui alimente sa réflexion sur sa candidature éventuelle à la direction du Parti québécois.
« Je reviens crinqué », a déclaré au bout du fil M. Drainville dans un entretien accordé à La Presse Canadienne.
« De voir un peuple qui s’interroge sur son avenir, qui débat d’indépendance, ça fait juste me confirmer que l’indépendance est une idée vivante, moderne, pertinente au temps présent et qui répond aux défis d’aujourd’hui », a-t-il expliqué, précisant que sa réflexion « progresse » sur la possibilité de se lancer dans la campagne à la direction péquiste pour succéder à Pauline Marois.
Commencée le 30 mai dernier, la campagne pour le référendum sur l’indépendance écossaise bat son plein en prévision du vote historique prévu le 18 septembre. Pour l’instant, le camp du oui tirerait de l’arrière – il serait autour de 42 % selon des observateurs -, mais les indécis et les travaillistes « mous » pourraient faire pencher la balance, croient les tenants de l’indépendance.
L’ancien ministre responsable des Institutions démocratiques et « parrain » de la défunte Charte des valeurs a été charmé par la façon dont les Écossais mènent la campagne. Il a entre autres observé que les tenants du oui dépassaient largement la base militante du Parti national écossais, la formation indépendantiste dirigée par le premier ministre Alex Salmond.
« La société civile a pris en main ce référendum, des groupes et des citoyens ont décidé de le prendre en main. La campagne du oui est largement décentralisée, très terrain, très près des gens, c’est ce que j’ai observé », a-t-il relaté.
Entrevue avec Bernard Drainville
Le processus référendaire écossais est aussi une affaire de collaboration entre le gouvernement central britannique et le Parlement d’Édimbourg.
Le premier ministre britannique David Cameron et son homologue écossais Salmond ont conclu en 2012 l’« accord d’Édimbourg » en vertu duquel la question posée aux Écossais sera aussi claire que succincte : « Should Scotland be an independent country? », c’est-à-dire en français « L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant? ». La date du référendum – le 18 septembre 2014 – a été annoncée par le gouvernement écossais dès le 21 mars 2013.
La limpidité de la question référendaire et la transparence totale entourant la date de la consultation populaire devraient éclairer les débats au sein du mouvement souverainiste québécois, selon M. Drainville.
« Il va falloir être clair, il faut être clair […]. La question claire, l’échéancier clair, je pense que ce sont des enseignements qui sont utiles et intéressants pour nous les indépendantistes », a-t-il dit.
Mais l’émulation a quand même ses limites. Si le Parlement écossais a consenti à collaborer avec Londres pour légitimer la démarche référendaire, rien ne permet de croire que la recette s’imposera de ce côté de l’Atlantique. D’ailleurs, à ce sujet, le député n’ose pas trop s’avancer.
« Je ne suis pas rendu là, je ne suis pas rendu là, mais il faut réfléchir, il faut réfléchir à ce qui s’est passé en Écosse et essayer de retenir les meilleurs enseignements possibles », a-t-il évoqué.
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