Gilles Duceppe dans le Journal de Montréal, dimanche 2 mars 2014
Un sondage commandé par la CBC nous apprend que la minorité anglo-québécoise et les allophones sont si inquiets de la situation dans laquelle ils vivent, que plusieurs songent à quitter le Québec.
[…] J’ai parcouru le Canada d’un bout à l’autre pendant des années et j’ai rencontré à plusieurs reprises les communautés minoritaires de langue française. J’ai pu constater qu’elles ne jouissent pas des mêmes conditions de vie que la minorité anglophone du Québec. Cela vaut pour leurs droits linguistiques, pour le contrôle de leurs institutions culturelles, de santé et d’éducation. Pensons également à la langue de travail, l’accès à la justice dans leur langue et à la traduction des lois!
Dans les faits, malheureusement, ces communautés subissent une assimilation fulgurante, ce qui de toute évidence n’est pas le cas des anglophones du Québec. René Lévesque avait proposé aux autres provinces la réciprocité quant aux droits et aux services offerts aux minorités, mais ces dernières avaient refusé.
[…] Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, s’inquiète de la situation et affirme que le PQ a alimenté le climat d’incertitude chez les anglophones.
Il soulève la question des modifications envisagées à la loi 101, ce qui est de son ressort, mais il aborde la question de la charte, ce qui ne relève pas de ses responsabilités.
Il dénonce aussi une clause qui prévoyait la fin d’une exemption permettant aux militaires d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Graham Fraser oublie que cette clause fut inscrite dans la loi 101 parce qu’il n’y avait souvent pas d’école française sur les bases militaires canadiennes. Comme il y en a désormais, les militaires peuvent y inscrire leurs enfants plutôt que de se servir des écoles anglaises comme des écoles passerelles.
Monsieur Fraser devrait mettre toutes ses énergies à combattre la décision de la Cour d’appel de l’Alberta qui a tranché que les lois n’ont pas à être traduites en français. Il devrait lutter contre l’assimilation des communautés francophones du Canada et citer le traitement exemplaire que le Québec accorde aux Anglo-québécois, comme cela est mentionné dans le rapport de 1997 de l’Assemblée parlementaire européenne.