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La prime au bilinguisme menacée

Paul Gaboury | Le Droit

 

Pour mieux « enraciner » la dualité linguistique au sein de la fonction publique fédérale, un rapport propose au gouvernement fédéral d’abolir la prime au bilinguisme de 800 $ afin de créer plutôt un « fonds pour le perfectionnement des compétences linguistiques » des employés non cadres.

Introduite en 1977 pour récompenser les compétences et efforts des employés occupant des postes  bilingues, cette prime au bilinguisme « est complètement détachée de l’utilisation des langues officielles », indique le rapport « Le prochain niveau : Enraciner une culture de dualité linguistique inclusive en milieu de travail au sein de la fonction publique fédérale ».

Il s’agit du premier examen approfondi sur l’usage des langues officielles dans la fonction publique fédérale en près de 15 ans et a été réalisé à la demande du greffier du Conseil privé, Michael Wernick.

« Nous avons fait de grands pas vers la création d’un effectif diversifié et d’un environnement de travail inclusif. Il y a toutefois encore beaucoup de travail à faire pour s’assurer que tous les fonctionnaires se sentent à l’aise et habilités lorsqu’ils se servent de la langue officielle de leur choix », a indiqué M. Wernick.

« Nous savons que certaines recommandations seront difficiles à adopter ou à mettre en oeuvre immédiatement », soulignent les coauteurs de ce rapport, Patrick Borley, nommé récemment président de la Commission de la fonction publique et Matthew Mendelsohn, sous-secrétaire du Cabinet (résultats et livraison).

Les principales préoccupations soulevées sont que l’anglais reste la langue dominante pour la plupart des activités quotidiennes au sein de la fonction publique fédérale. Les fonctionnaires francophones ne ressentent pas toujours qu’ils peuvent travailler dans la langue de leur choix alors que l’anglais est la langue utilisée dans la plupart des documents écrits et les réunions se déroulent en anglais.

Une vision « anglophone »

Pour le président d’Impératif français, Jean-Paul Perreault, la recommandation visant à abolir la prime au bilinguisme tient d’une vision « anglophone » du bilinguisme.

« Les anglophones se disent pourquoi payer une prime au bilinguisme alors que c’est anglais presque «mur à mur» dans la fonction publique fédérale, avec 93% des postes qui exigent la connaissance de l’anglais. Pendant ce temps, la proportion de postes pour lesquels le français est essentiel n’a cessé de diminuer, passant de 8% en 1978 à seulement 4% en 2016 » note-t-il en citant les données du rapport.

Selon M. Perreault, la prime au bilinguisme devrait être révisée à la hausse puisqu’elle n’a pas bougé depuis 1977, ce qui lancerait le message aux anglophones qu’il peut être payant « d’apprendre le français ».

« La prime est de 800 $ depuis près de 40 ans. Elle devrait être augmentée au moins à 2000 $. Si le gouvernement décide de l’abolir, il faudrait alors exiger que tous les postes de la fonction publique fédérale soient bilingues partout au pays », croit M. Perreault, qui espère maintenant que les syndicats défendront les intérêts de leurs membres francophones lorsqu’ils discuteront de cette question avec le gouvernement.

« Nous étudierons ces recommandations soigneusement et travaillerons de concert avec les parties intéressées pour déterminer la meilleure façon de procéder », a indiqué le greffier du Conseil privé, Michael Wernick, qui demande aux intéressés de faire connaître leur opinion sur les diverses recommandations proposées dans le rapport. Une réforme des pratiques actuelles devrait être mise en oeuvre à compter de 2018.

 

 

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