Montréal, le 13 décembre 2010 – Lors d’un point de presse devant l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal (IRGLM), le président de la SSJB, Mario Beaulieu a dénoncé la tentative de donner un statut bilingue anglais-français à cet établissement, qui constitue le plus important centre hospitalier de réadaptation au Québec.
Suite à une fusion entre le Lindsay Rehabilitation Hospital, dont la clientèle était en décroissance, et l’Institut de réadaptation de Montréal (IRM), l’OQLF a entrepris une démarche d’évaluation linguistique de sa clientèle, tel que demandé par le conseil d’administration de l’IRGLM pour obtenir un statut bilingue. Pourtant, selon la plupart des intervenants, l’IRGLM dessert une clientèle massivement francophone. Le statut bilingue anglais-français, en vertu de l’article 29.1 de la Charte de la langue française (loi 101) s’applique aux institutions qui fournissent leurs services à des personnes en majorité d’expression anglaise.
Comme en ont témoigné un employé et un ancien résident, le statut bilingue a pour effet d’angliciser non seulement l’affichage, mais aussi les communications internes et les services aux citoyens. Les organismes qui ont ce statut peuvent embaucher ou donner des promotions à du personnel unilingue anglophone. On y reçoit fréquemment des rapports médicaux seulement en anglais, et le recours prévu par la loi 101 vise seulement à garantir la disponibilité de résumés en français de ces rapports. La dernière étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF) montrait que 18% des clients francophones (10,000 personnes sur 60,000) des hôpitaux dits « bilingues » affirmaient avoir été en contact avec du personnel ne connaissant pas suffisamment le français.
Selon Mario Beaulieu, « la démarche d’évaluation de la clientèle de l’IRGLM correspond à un gaspillage de fonds publics auquel on devrait mettre un terme immédiatement. On assiste en ce moment à une expansion des institutions de santé bilingues à Montréal. Nous demandons à la ministre Saint-Pierre de donner à l’OQLF le mandat d’effectuer une enquête sur l’ensemble des institutions de santé qui ont un statut bilingue, afin de déterminer si elles répondent encore aux critères leur ayant permis d’obtenir ce statut en vertu de la loi 101. Cette enquête devrait s’appliquer au nouveau McGill University Health Centre (MUHC), dont la clientèle ne répond visiblement pas au critère d’obtention du statut bilingue. »
Alors qu’on retrouve la même proportion de 34% d’anglophones et de francophones de langue maternelle, il ne se trouve plus aucun hôpital francophone dans la partie ouest de l’île de Montréal (à partir des circonscriptions de Marquette et Saint-Laurent). En 2008, le dernier hôpital francophone de cette région, l’Hôpital de Lachine, a été intégré au McGill University Health Center (MUHC). Malgré toutes les garanties données par le ministre Couillard et par l’Agence de la santé et des services sociaux, cet hôpital se bilinguise rapidement et le comité de surveillance promis n’a jamais été mis en place.