Langue française au Québec:
on n’est jamais mieux servis que par nous-mêmes

La langue française, trésor en terre d’Amérique, a été transmise avec amour et acharnement, d’une génération à l’autre. Elle a donné naissance à une culture riche et originale qui brille dans le ciel de la diversité culturelle mondiale. Cependant, aujourd’hui, notre langue est menacée, dans la plus grande métropole francophone des Amériques et jusqu’au fin fond du Québec. Le recul du français n’est pas seulement un calcul statistique. Il est visible et ressenti par la population.

Nos grands commerces, nos radios francophones et même nos chaînes télé de langue française nous bombardent de chansons anglaises. Dans plusieurs établissements de Montréal, on peine à se faire servir en français. Les cégeps anglais sont fréquentés en majorité par des francophones et allophones attirés par l’apprentissage de la langue de Shakespeare. L’anglais intensif au primaire crée déjà dans nos écoles françaises des foyers d’anglicisation. Les universités de langue anglaise encaissent trois à quatre fois plus que leur part des fonds publics. Les recensements montrent un déclin constant du français comme langue maternelle, comme langue d’usage et comme langue du travail.

Menace fédérale

Vous le savez, sans la loi 101, nous, francophones, serions déjà très avancés sur la voie de la minorisation au Québec. Et, question d’en ajouter, le Canada travaille d’arrache-pied pour angliciser le Québec. En effet, le fédéral considère que l’anglais est en danger sur notre territoire et finance donc une panoplie de programmes visant à améliorer la position de la langue anglaise au Québec.

Les lois, les statistiques, les mémoires, les études, les mesures coercitives, les débats, les analyses, les discussions, les manifestations, les pétitions, etc. sont essentiels, certes, pour ajouter un cadre à cette langue française en déclin et la protéger dans le temps. Dans les faits, le réel pouvoir est entre les mains de la population et particulièrement de nos dirigeants.

La langue française au Québec a besoin de pouvoir compter sur l’influence et la volonté de ceux qui l’aiment. C’est à nous, c’est à vous de faire en sorte que cette langue perdure en choisissant et en mettant au pouvoir des gens qui s’en soucient au sein de différentes formes d’instances : gouvernements, conseils d’administration, comités de parents, associations sportives et toute autre organisation publique ou privée. Bref, partout où les décisions se prennent.

Canadien National

Nous avons aussi la responsabilité et le devoir de réagir et d’exiger des changements d’attitude et de comportement lorsque nous sommes témoins d’un flagrant manque de représentativité des francophones au sein d’instances dirigeantes qui tiennent leurs activités au Québec. C’est ce qu’a fait la SSJB en mai 2022 alors qu’elle attribuait le prix citron pour non-respect du français à la compagnie ferroviaire Canadien National. C’est bien connu, le CN a une histoire des moins reluisantes à l’égard du français au Québec, et ce, depuis plus de 100 ans ! Notre action et les multiples dénonciations du public envers l’entreprise ne se sont pas faites en vain puisqu’un administrateur francophone fut enfin nommé au conseil d’administration. Est-ce un nouveau départ pour le CN? La présidente-directrice générale, Tracy Robinson, a également annoncé, la semaine dernière, que la compagnie ferroviaire, dont le siège social est à Montréal, se conformera à la loi 96 sur le français.

Espérons maintenant que cette volonté de respecter la langue officielle et commune du Québec sera contagieuse et saura inspirer les autres entreprises de compétence fédérale en sol québécois à faire de même!

Marie-Anne Alepin,
présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste