Le caricaturiste Berthio n’est plus

 

Boris Proulx  | LE DEVOIR 

Le caricaturiste québécois Roland Berthiaume, alias Berthio, dont les œuvres éditoriales ont été publiées dans Le Devoir et plusieurs autres journaux du Québec depuis le milieu du siècle dernier, a été emporté lundi par la COVID-19. Il avait 93 ans.

« C’est avec sérénité et tristesse que je veux vous faire part du décès [lundi] de mon père Roland Berthiaume. Il souffrait d’Alzheimer depuis de nombreuses années, mais c’est la COVID qui l’a emporté », a annoncé sa fille Sylvie Berthiaume sur les médias sociaux mardi.

 

Caricature de Berthio publiée dans «Le Devoir» à l’époque des événements d’Octobre 1970

L’artiste, né en 1927 à Montréal, a notamment dessiné le Québec de la Révolution tranquille pour le compte de La Presse et du Nouveau Journal, avant de se joindre au Devoir pour réaliser des caricatures éditoriales à partir de 1965. Il a également collaboré à plusieurs autres publications, dont l’hebdomadaire Dimanche-Matin et les magazines L’actualité et Croc, jusqu’à la fin des années 1980. Berthio a clos sa carrière en 1997 après plusieurs années passées au journal Le Soleil, à Québec.

« Il faisait partie des pionniers de la caricature, avec Robert Lapalme et Normand Hudon. Il a emmené un ton plus moderne, un style plus européen, et il avait une belle lecture de l’actualité politique. Il a inspiré toute une génération de caricaturistes », se rappelle Michel Garneau, dit Garnotte, ancien caricaturiste au Devoir qui a côtoyé Berthio à l’époque de Croc. « Il était très noble, et c’est un dessinateur qui avait des convictions. »

Les cent dessins du Centenaire, Éditions Parti pris, 1967

De par sa notoriété, Berthio a contribué à celle de Croc, magazine emblématique de la caricature au Québec ayant vu le jour en 1979, confirme son cofondateur Pierre Huet. « Je suis honoré d’avoir été son boss. C’était un grand monsieur, un être de noblesse. C’était très drôle de voir la différence entre le personnage qu’il était et les personnages qu’il dessinait. »

« C’était un très grand caricaturiste. C’était un de nos modèles. Il arrivait à capturer en très peu de lignes la ressemblance de quelqu’un », témoigne en entrevue Guy Badeaux, caricaturiste au journal Le Droit sous le nom de plume Bado.

Berthio a remporté différents prix pour ses caricatures, dont le prix Olivar-Asselin de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1973 pour sa contribution dans le domaine journalistique. On lui doit également quatre recueils de caricatures, publiés entre 1961 et 1981.