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Les Dames patronnesses ou la Fédération nationale Saint-Jean–Baptiste

C’est une association de femmes francophones catholiques fondée à Montréal. Depuis 1893, les femmes de Montréal coordonnent leurs efforts au sein du Montreal Local Council of Women (MLCW), mouvement non-confessionnel et majoritairement anglophone. Les fondatrices francophones éprouvent le besoin de mener une action francophone et catholique qui établit le droit d’association des laïcs en vue de diffuser la doctrine sociale de l’Église.

Joséphine Marchand-Dandurand, Caroline Dessaulles –Béique, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, Marguerite Thibodeau, suscitent d’abord, en 1902, la création d’un comité de Dames patronnesses au sein de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, (SSJB), organisation patriotique présidée par l’époux de Caroline Dessaulles –Béique, dans le but d’améliorer les conditions de vie des femmes du Canada Français. En 1904, le 7 novembre, les Dames de l’Association se réunissent au Monument national pour préparer la fondation d’une école ménagère. Celle-ci ne donnerait pas seulement des cours de cuisine et de couture mais une véritable formation postscolaire. Mlle Anctil et Mlle Gérin –Lajoie iront étudier en Europe.

En 1907, Marie Gérin –Lajoie et Caroline Béique quittent le MLCW et fondent le Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste(FNSJB). Caroline Dessaulles –Béique en est la première présidente et Marie Lacoste –Gérin –Lajoie la première secrétaire (1907- 1913). Marie Lacoste, présidente de 1913 à 1933, est l’âme de la Fédération. La FNSJB est destinée, selon l’intention de ses fondatrices, «à grouper les Canadiennes françaises catholiques en vue de fortifier par l’union leur action dans la famille et dans la société». La FNSJB suscite la création de sections locales dans les paroisses et publie un mensuel, La Bonne Parole, à partir de 1913. Cette revue paraîtra jusqu’en 1930.

La FNSJB entend protéger les femmes de la violence conjugale et de la pauvreté par la lutte contre l’alcoolisme, professionnaliser le travail domestique par la formation des domestiques, lutter contre la mortalité infantile par l’hygiène et la puériculture, obtenir le droit de vote aux femmes auprès des autorités politiques et religieuses et former les femmes à la politique, faire modifier le statut matrimonial des femmes dans le code civil, revendiquer le droit à l’instruction supérieure et à l’exercice des professions. Elle inscrit à son programme la réforme du Code civil. Marie Gérin –Lajoie publie un Traité de droit usuel, ouvrage de vulgarisation du droit civil et constitutionnel. Ses connaissances juridiques la font reconnaître en tant que la personne-ressource pour cette question.

Madame Gérin –Lajoie provoque la fondation de trois associations professionnelles : employées de bureau, employées de manufacture et employées de magasin. De 1917 à 1929, la FNSJB joue un rôle important dans la lutte pour l’obtention du suffrage féminin au Québec, jusqu’à ce que l’opposition des évêques Québécois réduise ses marges de manœuvre et pousse Matie Lacoste à démissionner de la présidence du Comité provincial du suffrage féminin. L’action de la FNSJB dans ce domaine se concentre alors sur la formation civique des femmes pour les préparer à l’exercice du droit de suffrage.

En 1965, la FNSJB est associée aux associations féministes qui célèbrent le 25e anniversaire du droit de vote féminin. L’année d’après, la présidente de la FNSJB rejoint la Fédération des femmes du Québec, mouvement non-confessionnel dont la principale initiatrice est la Ligue des droits des femmes de Thérèse Casgrain.
Le comité des femmes patronnesses de L’Association Saint-Jean –Baptiste groupe des femmes de tête et de cœur. Madame F.-L. Béique et madame Henri Gérin –Lajoie, animatrices du groupe, entretiennent une haute idée de la vocation de la femme. Elles sont patriotes aussi. Elles assistent à une réunion au Local Council of Women, qui voudrait attirer les Canadiennes françaises. Une ambiance impérialiste l’imprègne. Un comité d’Anglo-Canadiens avait invité la Société Saint-Jean-Baptiste à la célébration du centenaire de l’amiral Nelson, en octobre 1905. Le Bureau a décidé, à l’unanimité : «Que ce centenaire était intimement lié à la défaite de la flotte française, l’Association ne peut accepter cette invitation». Madame Béique et ses amies déclinent, à leur tour, les invitations du Local Council of Wowen.

Voici un aperçu du programme du deuxième Congrès de la Fédération Nationale Saint-Jean-Baptiste tenu à Montréal les 23, 25,26 juin 1909.

Première journée du Congrès. Séance d’ouverture tenue le 23 juin à 2hrs et demie p.m. à l’Institut des Sourdes Muettes sous la présidence de Monsieur le Chanoine Gauthier. La Séance s’ouvre par une prière à la Vierge Marie. Cette prière a été composée tout spécialement pour les membres de la Fédération, et elle a été enrichie de cent jours d’indulgences. Madame Béique, présidente de la Fédération Nationale Saint-Jean –Baptiste prononce le discours de bienvenue.

Première journée du Congrès : séance des Oeuvres de Charité. Questions inscrites au programme : 1. Assistance maternelle. 2. La carrière d’infirmières pour les femmes. 3. Importance des conférences dans les œuvres de charité. 4. Mesures préventives pour la protection de la femme. 5. La charité est-elle une science. 6. Répression de l’alcoolisme par les femmes. 7. La femme mariée qui souffre de l’alcoolisme du chef de famille.8. Tribunaux spéciaux pour enfants. 9. La carrière domestique dans ses rapports avec l’organisation du Foyer. La journée se termine par une allocution de M. le Chanoine Gauthier et il mentionne ces paroles : «Mesdames, le but que vous poursuivez est nécessaire. Je résume avec ces mots : L’avenir est à vous, mesdames, parce que le bon Dieu vous le doit ou le doit à vos excellentes intentions».

Deuxième journée du Congrès : Séance des Oeuvres d’Éducation, tenue le Vendredi 25 juin à 2 hrs et demie p.m. chez les Dames de la Congrégation de Notre-Dame. Sous la Présidence de Monseigneur l’Archevêque Bruchési et le Patronage de son Excellence le Lieutenant Gouverneur Sir Alphonse Pelletier. Mme Béique ouvre la séance. Questions inscrites au programme : 1.Enrayement de la mortalité infantile par l’éducation de la mère de famille.2. Importance de la pédagogie maternelle pour la formation morale de l’enfant. 3. Adaptation de l’enseignement ménager aux divers degrés de l’enseignement. 4. De l’enseignement supérieur pour les femmes. 5.
L’enseignement comme carrière pour les femmes. 6. Le rôle des associations artistiques dans la formation du goût. 7. Le journalisme et l’éducation populaire.8.Comment développer le goût de l’étude chez les femmes. Lors de l’allocution de sa Grandeur Monseigneur Bruchési, celui-ci annonce à ces dames qu’il y aura des grandes fêtes à l’Hôtel –Dieu de Montréal à l’occasion 250e anniversaire de l’arrivée des Hospitalières. «À cette occasion, j’ai pensé qu’il était bon de laisser un souvenir en érigeant une statut à Jeanne Mance .Nous aurons notre Jeanne Mance à nous». Monseigneur adresse ensuite quelques paroles gracieuses à son Excellence Sir Alphonse Pelletier. Sir A. Pelletier, lieutenant –gouverneur de la Province de Québec s’adresse aux participants ainsi : « Dans une réunion, où les dames parlent d’une manière aussi charmante, les hommes devraient se taire. Ce sont de bonnes femmes qui font les bons maris».

Troisième journée du Congrès. Séance des Œuvres Économiques, tenue le Samedi, 26 juin à 8hrs du soir au Monument National .Sous la Présidence de Mr. le Chanoine Le Pailleur. Mme Béique ouvre la séance. Questions inscrites au programme : 1.Le logement de l’ouvrière.2.État comparée du travail à domicile et du travail à l’atelier.3. Des conditions requises pour obtenir de l’avancement dans les carrières professionnelles. 4. L’instruction de l’enfant est-elle compatible avec le travail à l’atelier. 5. Dans quelle proportion la femme contribue-t-elle à la production de ce pays. 6. Quelle est la valeur de la propriété foncière possédée par les femmes à Montréal.7. La mutualité.8. La condition légale de la femme mariée. Le Chanoine Le Pailleur termine son allocution par les paroles suivantes : «J’espère, Mesdames, que vous ne sortirez de votre sphère que pour aller porter le baume de la consolation à celles qui sont les déshéritées de la fortune et qui souffrent. Alors, le bonheur que vous donnerez fera votre mérite. Comme je suis Président, en ce moment, je vous demande de terminer votre congrès par la prière qui d’en haut vous a obtenu des lumières sur vos œuvres».

Plusieurs causes sont à l’origine du déclin de la Fédération durant les années 20 :la diminution des activités des associations professionnelles, supplantées par les syndicats, le conflit entre les réformistes et l’idéologie traditionnelle conservatrice et la difficulté des femmes de la bourgeoisie de s’entendre sur les types d’action à entreprendre pour rejoindre les femmes des autres classes sociales. Mais ces achoppements étaient inévitables et le rôle joué par cette première génération de féministes marque une étape importante dans le processus de libération des femmes.
Agathe Boyer

Sources : Encyclopédie Wikipédia, Le collectif Clio, L’histoire des femmes au Québec, Montréal, Édition du Club Québec Loisirs Inc, 1992.
Fonds d’archive : Archives nationales du Québec à Montréal : BANQ. Les Archives de l’Institut Notre-Dame du Bon- Conseil de Montréal : elles abritent le fonds de Marie-Lacoste –Gérin-Lajoie (1867-1945) et le fonds de Marie J. Gérin-Lajoie(1890- 1971), fille de la précédente, fondatrice d e l’Institut Notre-Dame du Bon- conseil, et les fonds de l’Institut Notre-Dame du Bon –Conseil de Montréal. Adresse : 1215 boulevard Saint-Joseph Est, Montréal.

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