Les Québécois sont du bon monde

Chronique de Lise Payette dans Le Devoir du 26 juillet 2013

[…] Toujours gentil, serviable, accueillant, il était souvent difficile d’identifier un citoyen québécois, car son choix, c’était de s’effacer le plus possible jusqu’à pratiquement devenir une carpette pour acheter la paix.

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Il y a bien eu de petits sursauts, souvent sous forme de slogan : « Vivre chez-nous », « Demain nous appartient ». Mais, en général, on résume cet état de fait en disant que nous sommes un peuple qui n’aime pas la chicane. Loin de nous les grands débats, les prises de bec, les urgences qu’on balaie sous le tapis pour ne pas déranger des personnes qui pourraient avoir une autre opinion que la nôtre. Nous préférons même ne pas trop en savoir sur ce qui se passe ici (ou sur ce qui se passe ailleurs, en fait, car comme ça, on peut vivre sa vie en paix).

[…] Ma grand-mère Marie-Louise avait une opinion sur notre côté mou des Québécois, notre côté peureux qui nous condamne à prendre notre trou plutôt que de faire face à l’adversité ou à la provocation. Elle m’avait expliqué un jour que dans la religion catholique, on enseignait la soumission.

[…] À Mégantic, on a ouvert l’église. Si quelqu’un peut y trouver un peu d’apaisement, pourquoi pas ? Mais si c’est pour demander à Dieu – choisissez celui qui vous convient – de faire entendre raison à la MMA ou à Stephen Harper, qui ont tous les deux le pied sur le frein pour ne pas trop payer, pour ne pas trop admettre de responsabilité, pour ne pas régler le problème une fois pour toutes pour que des humains n’aient jamais à revivre ce qui est arrivé à Mégantic, un soir d’été qui aurait dû être sans histoire, mais qui est devenu une horreur pour tout un peuple…

L’horreur de Mégantic venait de la MMA et du gouvernement fédéral, qui ont négligé la sécurité des citoyens en échange de profits considérables. Le pétrole et son transport ont fait de la terre une bombe qui finira par nous sauter en pleine face à moins que nous ayons tous été empoisonnés par les émanations et la pollution de notre petite planète, dont on disait qu’elle était un jardin. Nous avons choisi de regarder en l’air pour ne rien voir de ce qui se passait autour de nous… Le prix à payer continue à monter.

La colère n’a pas dit son dernier mot. Mais quand elle parlera, il sera sans doute trop tard.

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