Les données sont pourtant claires. En 2015, 1 950 allophones sont passés du secondaire francophone au cégep anglophone et 2 250 francophones ont fait le même choix. C’est l’équivalent du recrutement annuel d’un très gros cégep.
Le phénomène n’est pas nouveau. Il s’amplifie même. Les organismes qui devraient sonner l’alerte, comme le ministère de l’Éducation, l’Office de la langue française et le Conseil supérieur de la langue française, retiennent les statistiques, les trafiquent, leur font dire le contraire de ce qu’elles révèlent.
Mais les faits sont têtus. Depuis bientôt dix ans, Charles Castonguay les rappelle avec toujours plus d’insistance, comme en font foi les articles de ce recueil. Et les répercussions de ce « libre-choix » en faveur du cégep anglais sont connues : une plus grande fréquentation des universités anglaises, davantage d’anglais au travail, des comportements anglicisés en matière de langue utilisée dans les commerces, la consommation de créations culturelles, avec les amis et à la maison.
L’aboutissement ultime est aussi connu : le déclin du français. Déjà, de 2001 à 2006, le poids de la majorité francophone au Québec a plongé de 81 % à 79,1 %, une dégringolade jamais vue dans l’histoire des recensements canadiens, soit depuis 1871.