L’oeuvre de Pierre Falardeau bientôt en vedette au Musée de Sutton

Isabel Authier | La voix de l’est

Après Jehane Benoit, François Dompierre, Sol et Gobelet, les frères Vachon et bien d’autres, le Musée de Sutton rendra hommage, cet été, à une autre figure marquante du Québec. À travers l’exposition L’homme révolté, le public pourra découvrir ou redécouvrir Pierre Falardeau et son œuvre cinématographique.
Emporté par le cancer le 25 septembre 2009 à 62 ans, ce dernier ne laissait personne indifférent. Admiré par les uns, vilipendé par les autres, son côté polémiste a marqué sa carrière d’écrivain, de cinéaste et de réalisateur.

On se souvient bien sûr de sa célèbre série Elvis Gratton, mais également de films plus sérieux comme Le Steak, Le Party, Octobre et 15 février 1839. L’indépendance du Québec et la liberté ont très souvent teinté son œuvre et son discours.

« Falardeau a une filmographie très intéressante, en deux tons : celui de la comédie et de la politique. Quoique dans les Elvis Gratton, il y avait les deux. Pour cette exposition, on voulait surtout se pencher sur sa carrière au cinéma », laisse entendre le responsable des expositions temporaires au Musée des communications et d’histoire de Sutton, Richard Leclerc.

Ce dernier rappelle que l’établissement se fait un point d’honneur de toujours mettre en valeur des personnes qui ont habité la région. Or, Pierre Falardeau avait une résidence secondaire à Dunkin, que sa conjointe Manon Leriche possède toujours.

C’est d’ailleurs par pur hasard que Richard Leclerc l’a rencontrée. Il y a trois ans, une dame de Sutton lui avait demandé s’il pouvait prendre une de ses amies à son bord alors qu’il se rendait à Montréal. C’est durant le trajet qu’il a appris que sa passagère était la veuve de Falardeau. L’offre de lui consacrer une exposition s’est faite spontanément.

« Mais organiser un tel événement est toujours un travail de longue haleine. J’ai revu Manon Leriche l’été dernier pour parler du contenu de l’exposition, et j’ai appris qu’elle avait beaucoup d’artefacts », raconte M. Leclerc.

Présenté durant tout l’été prochain, de la Fête nationale à l’Action de grâce, L’homme révolté — c’est le titre que sa famille a choisi — viendra du même coup marquer le dixième anniversaire du décès de Falardeau.

 

Nombreux souvenirs

Bien que les étapes de recherche et de documentation commencent à peine, Richard Leclerc sait d’ores et déjà que l’exposition comprendra un montage vidéo préparé à partir d’un documentaire posthume sur Pierre Falardeau et de bandes-annonces de ses films.

Grâce au photographe Carl Valiquet, le musée devrait aussi être en mesure de rendre publics des clichés pris sur les plateaux de tournage d’Elvis Gratton et de 15 février 1839.

Le petit établissement pourra compter sur la collaboration de la Cinémathèque québécoise pour obtenir des affiches de films, et sur la banque de données cinématographiques Éléphant.

Richard Leclerc tente par ailleurs de mettre la main sur les costumes d’époque portés par les acteurs Sylvie Drapeau et Luc Picard dans 15 février 1839. Il pourrait aussi obtenir du Musée de la civilisation de Québec le flamboyant « suit » rouge à paillettes d’Elvis Gratton.

À l’invitation de Mme Leriche, une visite à la maison de Dunkin est aussi prévue pour dénicher quelques trésors méconnus qui pourraient venir enrichir l’exposition.

Et au-delà de sa filmographie, on ajoutera également des extraits de livres publiés par Pierre Falardeau au fil des ans. Ceux-ci pourraient éventuellement faire l’objet d’une lecture publique, ajoute M. Leclerc.

Bref, il souhaite une exposition bien documentée et très personnelle. « On connaît Pierre Falardeau pour sa grande gueule. Là, on va le connaître à travers les fondements de sa vie, ses influences, les choses qu’il aimait, son approche de l’histoire du Québec », résume-t-il en soulignant qu’en septembre prochain, la Cinémathèque québécoise présentera en parallèle une collection d’affiches politiques ayant appartenu au cinéaste.

 

Les faits

Que Falardeau ait été un personnage polarisant ne change rien à sa présence au Musée.

« Moi, je n’ai pas à prendre parti. J’ai produit l’exposition sur Jehane Benoit, une fédéraliste accomplie qui écrivait ses recettes en anglais. Mais je l’admire pour ce qu’elle a fait pour le monde de la cuisine et pour la valorisation des femmes. On a aussi parlé du scientifique Gerald Bull, qui a fait des fusées et qui a été assassiné. Je ne fais pas de critique de ce qu’ils ont fait, je montre ce qu’ils ont fait. C’est un musée d’histoire, alors on présente des histoires contemporaines qui se sont passées à proximité de Sutton. »

Cela dit, il avoue avoir de l’estime pour toutes les personnes qui ont fait l’objet d’une rétrospective au Musée de Sutton. « Ce sont tous des gens d’exception. »

Quand on lui demande si d’autres personnalités de la région sont dans sa mire pour une prochaine exposition, Richard Leclerc demeure discret, mais on sent un sourire dans sa voix. « Saviez-vous que la chanteuse Monique Leyrac habite à Sutton ? »

 

 

 

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