C’est la façon dont est qualifiée l’incapacité de se faire servir en français
Le droit d’être servi en français à Montréal ne doit pas être bafoué, rappellent des représentants politiques et des organismes choqués par les reportages de notre Bureau d’enquête sur la prédominance de l’anglais dans des commerces.
Anne-Sophie Poirié dans le JOURNAL DE MONTRÉAL
Tous « les Québécois ont le droit d’être informés et servis en français, et ça, c’est non négociable », a martelé hier le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette.
Sur les 31 boutiques du centre-ville de Montréal visitées dans les dernières semaines par le Bureau d’enquête, 16 proposaient un accueil unilingue en anglais. Et même après avoir insisté pour obtenir un service en français, certaines étaient simplement incapables de répondre dans la langue officielle du Québec.
Les organismes contactés par Le Journal ont également tenu à rappeler que d’être informé et servi en français est un droit linguistique fondamental.
« Les lois doivent être respectées, a lancé la présidente générale de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Marie-Anne Alepin. […] Normalement, un commerçant devrait savoir qu’il doit offrir un service en français lorsqu’il engage des employés. »
« insultant »
Pour certains, le règne de l’anglais dans les commerces du centre-ville est carrément une « agression ».
« Ces entreprises agissent de façon prédatrice, a fait valoir le président d’Impératif français, Jean-Paul Perreault. La loi 101 existe depuis près de 50 ans. Personne ne peut prétendre ne pas être au courant. C’est un geste insultant, dédaigneux, c’est un geste d’agression. »
« Au cours des derniers mois, nous avons eu un aperçu des conséquences de l’inaction libérale des 15 dernières années en matière de langue française. Cette situation est inacceptable et ce laxisme inexcusable », a laissé tomber le ministre Jolin-Barrette.
Il promet de déposer un plan d’action sur la langue française « très prochainement », sans toutefois confirmer de date exacte. Il y travaille depuis un an.
Du travail à faire
Mais M. Perreault, lui, est plutôt d’avis que le gouvernement tarde à agir.
« L’agressivité semble augmenter dans certains commerces de Montréal et de l’Outaouais. Le gouvernement n’en fait pas suffisamment pour l’instant. On ne connaît pas encore ses révisions des législations linguistiques », déplore le militant.
Contacté par Le Journal, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, reconnaît qu’« il y a du travail à faire », mais assure qu’un plan d’action pour la protection et la promotion de la langue française est en chantier.
Mme Alepin espère qu’il fera partie de la plateforme de Valérie Plante pour les élections municipales, dans un an.