Québec veut que Red Bull fasse une place au français dans son épreuve de patinage

Article d’Alexandre Robillard paru dans Le Devoir du 24 janvier 2009.

Le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Sam Hamad, demandera au fabricant de boissons énergétiques Red Bull de changer le nom de sa compétition de patinage extrême, qui se tient en fin de semaine, afin de refléter davantage la réalité francophone de la ville de Québec.

M. Hamad a déclaré hier que l’entreprise pourrait intégrer une dimension française dans «le nom ou le logo» de l’événement Red Bull Crashed Ice, qu’elle commandite.

«S’il y avait un nom français, ce serait encore mieux pour nous, a-t-il dit lors d’un point de presse. Mais ce qui est important pour moi, je trouve que c’est l’impact de l’événement pour la région, c’est l’impact pour les touristes, c’est l’image de Québec à travers le monde.»

En fin de journée, le bureau de M. Hamad a transmis aux journalistes une copie d’une lettre envoyée à Red Bull, cosignée par la ministre de la Culture Christine St-Pierre, dans laquelle les représentants du gouvernement se sont montrés beaucoup plus nuancés, n’allant pas jusqu’à réclamer concrètement des changements au nom de l’événement.

«En aucun cas, nous voulons remettre en question l’appellation de votre marque de commerce et du sport pratiqué lors de l’événement, ont-ils écrit. Néanmoins, comme ministres au sein du gouvernement du Québec, nous avons la responsabilité de promouvoir la langue française. En ce sens, nous voulons vous sensibiliser au fait qu’il pourrait s’avérer judicieux, lors d’une prochaine édition, que vous teniez compte de cette spécificité qui est la nôtre au Québec et dans sa capitale nationale.»

Une porte-parole de Red Bull, Josée Laperrière, a indiqué qu’au cours des dernières années, l’entreprise a présenté le «Crashed Ice» dans d’autres pays et qu’elle souhaite préserver l’uniformité dans l’appellation de la course, durant laquelle les participants dévalent par groupes de quatre une piste glacée où ils atteignent une vitesse allant jusqu’à 50 km/h.

À Montréal, hier, un organisme militant pour la protection du français a réuni une trentaine de personnes lors d’une manifestation contre l’absence de référence francophone dans le nom de la compétition.

Selon la présidente du Mouvement Montréal français (MMF), Sophie Beaupré, il n’est pas normal qu’un événement aussi populaire porte un nom anglais alors que la grande majorité des participants sont francophones.

«En refusant de le faire, Red Bull crache littéralement sur le français», a-t-elle dit en s’adressant aux manifestants.

Mme Beaupré a affirmé que la manifestation d’hier visait à appuyer l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française, qui a réclamé au début du mois la francisation de l’expression «crashed ice», ainsi que l’Office québécois de la langue française (OQLF), un organisme gouvernemental qui a déjà pris contact avec l’entreprise à ce sujet.

Lire l’article dans le site Internet du Devoir