Retour québécois sur Pyeongchang

Christian Gagnon | Le Devoir

Le rideau est tombé sur les Jeux de Pyeongchang et les bilans se sont multipliés dans les médias québécois. Mais personne n’a souligné le fait que la Norvège, impressionnante première au classement olympique avec 39 médailles, loin devant l’Allemagne (83 millions d’habitants) et le Canada (36 millions d’habitants), est une ancienne province de Suède qui s’en est séparée par référendum en 1905. À l’époque, les Norvégiens se sont fait dire que s’ils votaient « oui », la Norvège indépendante s’exposait à l’effondrement économique et au chaos social. Je soupçonne que ce prospère petit pays nordique de 5 millions d’habitants ne regrette pas son choix. Et qui oserait dire aujourd’hui que le peuple norvégien n’existe pas, comme le pense encore une majorité de Canadiens anglais à propos du peuple québécois ?

Il faut aussi noter qu’en excluant les médailles des équipes féminine et masculine de hockey, 12 des 27 autres médailles canadiennes ont été remportées par des athlètes québécois. Ainsi, le Québec a produit 44 % des médailles canadiennes, soit le double de sa part de 22 % de la population de l’ensemble du Canada. Les Québécois sont-ils donc deux fois meilleurs que les Canadiens anglais en sports d’hiver ? La question est posée. Et puisqu’on est dans les chiffres, laissons la conclusion au regretté poète québécois Gaston Miron, qui lançait jadis une petite phrase que ne renieraient pas les Norvégiens : « On ne peut pas être 25 % de quelqu’un d’autre. »

 

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