Montréal, le 24 avril 2009 – Il y aura 160 ans, le 25 avril, Montréal était secouée par des événements d’une rare violence, alors que le Parlement du Canada-Uni était saccagé puis incendié par des émeutiers incités à commettre ces actes de sédition par la Montreal Gazette. La Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal invite la direction dudit journal à saisir l’occasion de cet anniversaire pour exprimer des regrets à l’égard du rôle joué par ce quotidien dans cette explosion d’intolérance. « Ceux-là même qui ont tant évoqué un supposé devoir de mémoire lors de la controverse sur la commémoration des 250 ans de la bataille des Plaines d’Abraham ont aujourd’hui l’occasion de prêcher par l’exemple », déclare le président de la SSJB, Mario Beaulieu. « Tant que The Gazette n’aura pas vidé ses placards de ses plus sordides squelettes en faisant sincèrement amende honorable, les grandes leçons de respect des droits individuels que nous servent périodiquement ses éditoriaux n’auront aucune crédibilité », ajoute M. Beaulieu.
Pour souligner ce triste anniversaire, la SSJB tiendra un point de presse ce samedi 25 avril à 13h sur les lieux mêmes de la tragédie, en face du Centre d’histoire de Montréal (335, place D’Youville, angle Saint-Pierre, Vieux-Montréal). Des historiens prendront la paroles et des cartes postales commémoratives produites par la SSJBM seront distribuées afin de faire mieux connaître ce drame.
Rappelons qu’à la suite des Rébellions de 1837-1838, la répression menée par l’armée britannique avait été terrible, des villages entiers ayant été rasés. Lord Durham recommande alors l’union du Bas et du Haut-Canada pour minoriser les francophones. L’Acte d’Union est adopté en juillet 1840 et Montréal devient la capitale de la « Province of Canada » en 1843. En mars 1849, Louis-Hippolyte Lafontaine fait adopter l’« Acte pour indemniser les personnes dans le Bas-Canada, dont les propriétés ont été détruites durant la rébellion dans les années 1837 et 1838 ». Furieux, les orangistes accusent Lafontaine de « récompenser les rebelles». Le 25 avril 1849, il ne manque plus que la sanction royale du gouverneur Elgin pour que la loi entre en vigueur. En ce jour parmi les plus sombres de notre histoire, la Montreal Gazette publie une édition spéciale appelant la population anglaise de Montréal à se soulever. « Anglo-Saxons, vous devez vivre pour l’avenir; votre sang et votre race seront désormais votre loi suprême, si vous êtes vrais à vous-mêmes. Vous serez Anglais, dussiez-vous n’être plus Britanniques. À qui et quelle est votre allégeance maintenant? Que chaque homme réponde pour lui-même […] La foule doit s’assembler sur la Place d’Armes, ce soir, à huit heures. Au combat, c’est le moment! », publie le quotidien anglophone.
Entre 1200 et 1500 fanatiques répondent à l’appel. De la Place d’Armes, des orateurs incitent la foule à se rendre au Parlement. Mettant les députés en fuite, les émeutiers saccagent et mettent le feu au bâtiment, qui sera entièrement décimé par les flammes. Quelque 25 000 volumes, remontant jusqu’au début de la colonie française, sont détruits. Le Parlement ne siégera plus jamais à Montréal. Quelques jours plus tard, une foule enragée incendie également la maison du Premier ministre Lafontaine qui, arraché des mains des émeutiers, sera sauvé de justesse. Jamais personne ne sera jugé pour ces actes criminels. Le Parlement siégeait à l’époque dans l’ancien immeuble du marché Sainte-Anne, sur le site actuel d’un terrain de stationnement en face du Centre d’histoire de Montréal, Place d’Youville. Aucun monument ni aucune plaque n’y évoque les odieux événements du 25 avril 1849.