Adidas s’est «mis une espadrille dans la bouche», selon Caroline St-Hilaire

TVA Nouvelles

La question linguistique refait surface jeudi à l’Assemblée nationale au lendemain de la gaffe linguistique commise par le gérant d’Adidas lors de l’inauguration de la nouvelle boutique à Montréal. Elle trouve aussi écho à New York et sur le plateau de l’émission «La Joute», à LCN.

En présence de ses patrons de Toronto, unilingues anglais, Alexandre Des Roches a commencé son discours d’ouverture en tenant ces propos: «Je vais dire un mot en français pour accommoder la Ville de Montréal et les médias francophones».

Comme bien d’autres personnes, la commentatrice politique Caroline St-Hilaire ne l’a pas digéré non plus. «C’est épidermique quand on touche à la langue, j’en sais quelque chose. Je ne comprends pas, j’ai l’impression qu’il s’est mis l’espadrille dans la bouche solide. On est en 2017, qu’un Québécois francophone fasse ça…»

«Le Québec a forgé son identité avec la religion et la langue. On n’a plus de religion, faudrait qu’on s’occupe un peu de notre langue», observe l’ancienne mairesse de Longueuil, qui perçoit d’importants signaux dans le paysage linguistique actuel.

Son collègue Luc Lavoie est aussi indigné face à cet événement. «Ça m’enrage ces affaires-là. C’est un Québécois pure laine qui nous fait un coup de même, se désole-t-il. Et toute cette espèce de « strip », pour employer un autre anglicisme, de la rue Sainte-Catherine où sont concentrées les grandes marques, je suis tanné du « bonjour, hi! » Pourquoi pas juste « bonjour »? Un Américain va le comprendre, un Italien aussi. Arrêtez de faire ça, c’est con comme la lune!»

Une situation comme celle-là ne se produit jamais aux États-Unis, note la jouteuse St-Hilaire, pour qui la façon de réagir ici est le signe de notre esprit de «colonisés». «Nous, on accepte ça», dit-elle.

Au-delà du geste individuel – «une erreur», selon Bernard Drainville –, c’est davantage le silence de la multinationale qui scandalise ce dernier.

«Je ne veux pas trop l’accabler [le gérant de la boutique], car si c’était à refaire, je ne pense pas qu’il le referait. Il a mal choisi ses mots, je ne pense pas que ce gars-là soit anti-langue française.

«Le problème, ce n’est pas tellement ce que lui a dit, c’est que [les gens chez] Adidas, depuis qu’il l’a dit, ne disent rien. Ils ne se sont pas excusés, n’ont donné aucune entrevue et on est incapable de les joindre.

«La gestion de cette affaire-là par vous, les gens d’Adidas, elle est pathétique. Vous êtes mauvais, vous êtes incompétents, vous manquez de respect envers votre clientèle, en particulier envers votre clientèle francophone, tonne l’ancien député péquiste. Au nombre de consultants que vous avez à Montréal, prenez-en un et gérez votre affaire.»

Voyez l’extrait de l’émission «La Joute»
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