Affaire Allali: Il est juste que justice soit rendue en français au Québec

C O M M U N I Q U É

 

Montréal, 11 juillet 2016 – La Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, par la voix de son Président général, Maxime Laporte, appuie le combat pour le français de l’avocat Frédéric Allali, reconnu coupable par le Conseil de discipline du Barreau d’avoir commis une faute professionnelle pour avoir interrogé «de façon intempestive» une juge de la Cour supérieure sur la langue dans laquelle serait rédigée sa décision.

Soulignons qu’en 2015, la SSJB, qui appuie Me Allali depuis le début de cette affaire, avait déposé une plainte au Conseil de la magistrature à la suite d’une intervention médiatique du juge en chef de l’époque dans la foulée de cette controverse.

Précédent

Monsieur Laporte a indiqué: «Au paragraphe 100 de sa décision, le Conseil de discipline du Barreau crée tout un précédent. Il semble que le seul fait pour un avocat de chercher à savoir, entre le procès et le jugement, dans quelle langue sera rendue la justice, de vouloir comprendre le choix du juge et de faire valoir que son client ne comprend pas l’anglais, est passible d’une sanction disciplinaire!»

«En quoi poser une question à la fois aussi simple et fondamentale, et n’ayant rien à voir avec le contenu juridique du jugement, est censé nuire à l’administration de la justice, à la confidentialité du délibéré d’un juge, ou à la quiétude et l’indépendance de la magistrature? Au contraire, n’est-ce pas légitime, n’est-ce pas dans l’intérêt de la justice, des clients et du public québécois, qu’en tant qu’avocat, on puisse s’assurer de la langue dans laquelle le droit s’exprimera en premier lieu?»

Traduction

«Il n’est pas inutile de rappeler que les services de traduction sont payés à même les fonds publics… Surtout, il faut souligner que toute traduction comporte des risques d’ambiguïtés, voire de contradictions avec la version originale d’un jugement, pouvant mener à des demandes de révision ou de corrections… Sans compter les délais et les honoraires additionnels qui peuvent être requis dans certains cas. En bout de ligne, c’est le client et le public qui écopent. C’est une critique constructive que je tiens à apporter», a souligné le Président général qui est aussi membre du Barreau.

Demande et défense en français, jugement en anglais

Monsieur Laporte a mentionné que «pour être membre du Barreau et donc pouvoir aspirer à la magistrature, il faut maîtriser la langue commune et officielle. Ainsi, au Québec, tous les avocats, tous les juges savent parler et écrire en français. Est-ce trop demander que lorsque toutes les parties parlent français, comme dans l’affaire – pénale qui plus est, où occupait le bureau de Me Allali, les jugements soient rendus en français, sans qu’on n’ait à se contenter d’une traduction, même si celle-ci a valeur légale? Imaginez la réaction, le tollé, si en Colombie-Britannique, par exemple, un juge rendait une décision en français devant deux parties anglophones…»

Au-delà du cadre juridique, la justice pour la langue française!

«Sans doute, le devoir le plus noble d’un avocat consiste à faire valoir la justice. Or, c’est de toute évidence son sens du devoir qui a motivé Me Allali à agir comme il l’a fait.»

«Comme toute injustice, l’injustice linguistique qui, depuis trop longtemps, sévit au Québec et au Canada, doit être combattue sur tous les fronts. Chaque jour qui passe, elle fait reculer un peu plus notre droit d’exister et de vivre en français.»

«Dans un régime dont la constitution, imposée de force, ne reconnaît même pas la nation québécoise, il arrive immanquablement que ce combat, avec les frustrations légitimes qui l’accompagnent, s’exprime en-dehors des paramètres qui veulent le contenir. Surtout que le Canada s’est permis de massacrer à la tronçonneuse des pans entiers de la loi 101, – laquelle prévoyait à l’origine que la langue de nos tribunaux soit le français», a conclu Me Laporte.

Fondée en 1834, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal est le plus ancien organisme toujours actif pour la défense et la promotion de la langue française au Québec et en Amérique.

-30-

Source: Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Pour information et demande d’entrevue (Maxime Laporte):
Claude Boisvert, responsable des communications
438-931-2615  |  cboisvert@ssjb.com