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Appui à la souveraineté : si la contingence se maintient

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FRÉDÉRIC BASTIEN
| L’ACTUALITÉ | 02 JUILLET 2014 |

 

Les projections annonçant l’avènement ou la fin de la souveraineté sont peu fiables pour la simple et bonne raison qu’elles reposent sur un raisonnement fautif, lequel consiste à confondre la cause et les effets.

La souveraineté ne recueillait plus l’appui que de 31% des jeunes, tandis que seulement 16% d’entre eux voteraient pour le PQ en cas d’élections.

Notons d’abord que ces résultats sont à prendre avec précaution. Les souverainistes n’ont pas de chef et viennent tout juste de perdre. Il est normal que leurs résultats dans les enquêtes d’opinion soient au plus bas. On est cependant loin d’une nouvelle consultation électorale, sans parler d’un référendum, dont la tenue semble plus hypothétique que jamais. Il faudra voir qui sera le prochain leader et quel sera son plan de match pour mieux mesurer l’appui au Parti québécois et à son option. […]

 

Si la tendance s’était maintenue

En somme, la souveraineté n’a plus aucun avenir. Ce genre de prédiction, basée sur la tendance décelée dans les résultats électoraux et les sondages, n’est pas nouveau. À la fin de l’été 95, des universitaires incluant le même Jean-Herman Guay signaient un texte invitant Jacques Parizeau à ne pas tenir son référendum. Pourquoi? La tendance était claire et nette. Elle indiquait que le « oui » ne pourrait jamais franchir une barrière qui se situait entre 40 et 45%. Dans La Presse, Alain Dubuc avait été plus cinglant encore, prédisant que le référendum serait une « bataille du 40% ». Le ciment était pris. Le seul enjeu consistait à savoir si le « oui » franchirait ou pas ce score. On connaît la suite. Le camp du « oui » a terminé à 49.4%.

Dans les mois qui ont suivi ce résultat, politiciens et analystes ont cherché à expliquer la courte victoire du non. Pour plusieurs, la raison de ce revirement ne pouvait être expliquée que par l’arrivée d’une nouvelle tendance, tout aussi claire, nette et inéluctable que celle qui, à peine quelques mois plus tôt, devait mener à une victoire écrasante du « non ». Le politologue Richard Nadeau avait d’ailleurs fait une recherche au titre évocateur : « si la tendance se maintient ».

Ce dernier avait comparé l’appui au oui en 1980 et en 1995 selon les groupes d’âge. Lors du deuxième référendum, les jeunes de 18-35 ans, la plupart n’ayant pas voté en 80, avaient appuyé la souveraineté en plus grand nombre que ceux qui avaient leur âge lors du premier référendum. Venaient ensuite les 35-60. Ceux-ci avaient voté davantage pour le oui que ceux du même âge en 1980. De plus, les 35-60 avaient appuyé davantage le oui qu’ils l’avaient fait en 1980 alors qu’ils étaient plus jeunes.

Restaient les 60 ans et plus. Ceux-ci étaient demeurés largement réfractaires à la souveraineté, tant en 80 qu’en 95. Sauf que la tendance était là, bien visible. Le renouvellement des générations jouait en faveur des souverainistes. Jamais à court de lyrisme et invoquant précisément ce facteur, Bernard Landry, alors ministre des Finances, s’était mis à clamer que l’indépendance était inéluctable. Il en était tellement convaincu qu’il avait baissé sa garde. Jean Charest en avait profité pour décocher un puissant jab en l’accusant de souhaiter la mort des personnes âgées!

 

La contingence dans l’histoire

Évidemment, ces projections annonçant l’avènement ou la fin de la souveraineté ne se sont pas avérées. Pour la simple et bonne raison qu’elles reposaient sur un raisonnement fautif, lequel consiste à confondre la cause et les effets. La tendance telle qu’elle apparaît parfois dans les sondages et le score des partis aux élections, est le résultat de la conjoncture, des événements qui se produisent, des circonstances changeantes, bref de ce qu’il est convenu d’appeler la contingence dans l’histoire. […]

La contingence relève aussi des aléas d’une campagne électorale. Deux semaines avant le déclenchement des élections, le PQ faisait 40 % dans les sondages et s’acheminait vers un gouvernement majoritaire. Sauf que les péquistes, mal dirigés par Pauline Marois, ont fait une campagne pitoyable. […]

En ce qui a trait à la politique, il est également difficile d’admettre l’importance de la contingence. Cela signifie que l’on doive renoncer aux grandes explications totalisantes et aux lois de l’histoire. Cela veut dire aussi qu’une simple pelure de banane au mauvais moment et tout peut déraper de façon dramatique. […]

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